Celui-ci est vraiment riche et, comme tel, mérite d’être signalé à des lectrices ou des lecteurs un peu éloignés de Carhaix, port ( fluvial) d’attache de la publication depuis ses origines en 1991. Cette dix-septième mouture dresse un état des lieux aussi exhaustif que possible de la poésie en Bretagne historique et des publications qui tentent contre vents et marées d’en porter le fragile écho jusqu’à nos yeux ou nos oreilles. Outre les contributions habituelles de critiques talentueux qui rendent compte de l’actualité littéraire la moins commerciale – celle qui circule comme en maraude, sous le manteau de quelques irréductibles -, on y découvre trois moments forts : la présentation de Fritz Werf, poète et éditeur allemand par Alain Jégou, un inédit (!) d’ Armand Robin découvert par l’infatigable Jean Bescond (« Il s’élève en tout mal presque une indifférence/ Et la terre se fait si simple que la sérénité/ Pousse en tige pensive auprès de la beauté » ) et un long entretien entre Marie-Josée Christien et l’écrivain Eve Lerner.

Au sommaire également, des extraits du nouvel ouvrage particulièrement réussi du poète Louis Bertholom  Bréviaire de sel, célébration vibrante et altière de la baie d’ Audierne peinte au prisme de son insaisissable mouvement, sa danse circulaire, le soleil blanc qui la surplombe , ainsi que d’autres poèmes  sur le thème de l’Atlantique : ceux de Jean-Luc Le Cléac’h, Marc Bernol, Pierre Tanguy, tant d’autres que l’on a scrupule à ne pouvoir tout citer. Vingt ans :  » Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie  » – on connait bien la rageuse formule de Paul Nizan. Vraie ( et de quelle douloureuse vérité…) pour les êtres humains, elle pêche par fausseté quand il s’agit de Spered Gouez !

Spered Gouez – 15 Euros – Revue éditée par le Centre Culturel Breton Egin