A 71 ans, Joe livre son second album. Oui, second. Et encore, si Cédric de la Chapelle n’était pas tombé par sur le Monsieur il y a une dizaine d’année lors d’un voyage à Goa, l’histoire et le talent de Slow Joe se perdaient à jamais dans les bouges locaux.
Une drôle de rencontre entre un guitariste lyonnais et Manuel Da Rocha, alcoolique, toxicomane et crooner né en 1943 à Bombay. Immédiatement séduit par le personnage, le français lui compose un répertoire sur mesure, lui trouve un groupe (The Ginger Accident) et le propulse sur la scène des Transmusicales en 2009. La Bretagne l’ovationne et le premier album voit le jour. Quelque 150 concerts plus tard, l’homme se livre au difficile exercice du deuxième album. Celui de la maturité dit-on des rockeurs en herbe. Mais à plus de 70 ans, l’expression devient ironique, voire embarrassante. Si le premier opus reposait sur une certaine spontanéité, « Lost for Love » impose un son étoffé et ample faisant la part belle à des arrangements ambitieux. Le crooner est toujours bien présent, semblant simplement se cacher timidement derrière cette emphase sonore. L’iconoclaste rebelle est devenu un monsieur en costume parfois un peu trop grand pour lui. Car c’est encore sur la reprise de « Cover me cover » de son premier album qu’on le (re)trouve le mieux. Les arrangements n’y changeant rien et son duo avec Yael Naim apportant même une lumineuse étincelle de désir et de fraîcheur au morceau. « Lost for love » n’est pas un mauvais album, bien au contraire. Et même si comparaison n’est pas raison, la direction prise flirte trop avec les studios d’Hollywood, alors que ceux de la Plaine Saint Denis lui aurait peut-être mieux convenus.
Tôt ou Tard
Tôt ou Tard