Avec « Overview effect », Roger Goula offre à tous les astronautes la vraie bande son de leur incroyable cinéma.
De Jules Vernes à Stanley Kubrick, l’espace fascine, intrigue et pousse la porte de la création vers de hauts sommets. Pour peu qu’on ait un peu de talent et beaucoup d’imagination, le plancher des vaches paraît alors bien étriqué. Si certains restent sur terre et imaginent notre futur les deux pieds dans la science (d’Asimov à Google), d’autres tordent les ondes et donnent un sens au bruit : on appelle ça la musique. Roger Goula y déploie toutes les gammes d’un art qu’il maîtrise. De ses BO (The Frankenstein Chronicles, Brand New-U, Tiger House…) à ses nombreuses collaborations avec des ensembles classiques ou des troupes de théâtres en passant par des musiques pour documentaires Télé (Hard Stop, Next goal wins…), le londonien n’est jamais étranger au succès de tout ce qu’il touche. Avec « Overview effect », il offre à tous les astronautes la vraie bande son de leur incroyable cinéma qu’est la vue qu’ils ont de la terre lorsqu’ils sont en orbite. La musique de cette terre qu’ils observent perdus dans l’univers. Et votre cerveau n’est pas forcément programmé pour un tel voyage : « Physiquement et psychologiquement, j’ai été submergé par cette connexion entre le cosmos et l’univers. Tout ce que je voyais ne correspondait pas à ce qu’on m’avait appris » explique l’astronaute Edarg Mitchell « Il m’a fallu du temps pour comprendre que mon cerveau essayait de réorganiser et de donner un sens à l’information qu’il voyait. »
Roger Goula a réussi à traduire ce bouleversement émotif en musique. Sa symphonie électronique repose sur cette « idée d’un changement psychologique qui s’opère lorsque nous voyons notre maison – la Terre – de tout la haut ». Une évolution qui démarre par l’émerveillement et s’accroche à des repères qui nous sont chers. La musique du compositeur est alors presque conventionnelle et suit les codes de ses pairs, à la fois renaissance et baroque (Monteverdi, Bach, Vivaldi). Ses cours de guitares classique de Barcelone refont surface et semblent un cocon protecteur avant de comprendre le grand saut vers l’inconnu. Au fil des morceaux (8 titres au total), l’électronique s’empare de l’album. La connexion avec l’inconnu est alors possible. D’autres règles s’installent et le grand voyage spirituel peut commencer vers un univers minimaliste (Reich, Glass, Part) et purement électronique (Aphex Twin, Autechre). La BO étant signée, il ne reste plus que le film à réaliser.
Guillaume du Porzou
Sortie le 9 décembre 2016