Poète à bras HermineHermineHermineHermine

Christian Prigent est de Saint Brieuc et son dernier livre, Chino aime le sport nous en fait mention dès le septième poème !


Poète à bras

Code  entre briochins qui se décrypte dès la marge du poème intitulé Au trot sans Gélinotte. C’est écrit en petits caractères : Grève des courses, Langueux, 1957.. Nous nous souvenons de l’hippodrome marin et du galop résonnant sur les marnes grises !

Gélinotte ? La trotteuse française Gélinotte, surnommée « la Madonne des sleepings » gagna un grand nombre de courses dans les années 1950  (Prix d’Amérique, Prix de France, Prix de Paris, etc). Tout ça, on l’apprend grâce aux notes de fin de livre. Rare livre de poèmes avec en index une didascalie didactique  (ou l’inverse) qui soutient l’art poétique, l’arrimant au stade, aux cendrées ou aux cols de première catégorie. Ocana, Tabarly, Armstrong et Yoann Gourcuff sont les hérauts de cette métrique autant déjantée que disjonctée, quoiqu’entrée dans la légende sportive et non moins historique !

Christian Prigent s’autorise. C’est un poète ! Et né à Saint-Brieuc, nous devrons y revenir. Une terre tranchée de vallées avec la mer au dos qui ne se laisse pas faire tant les sables l’ensablent.

Prigent fricasse, fracasse, il concasse. Une sorte de Michaux dont on se souvient du Grand Combat qui nous a pratelé, libuqué et écorcobalisé depuis notre adolescence. Prigent écrit en danseuse, rythme effréné qui enjambe le vers, passe les cols et explose la syntaxe : « Motos vroum vroum Quad Cochonnou / Camion pompier Vittel (splash : tout /Mouillé ton short !) ah la casquette/Bleu Festina ! Zut/Plus rapido te l’a piquée ! »

Nous ne nous savions pas si sportif, cette lecture de Chino le dément, ou nous force à le devenir ! N’exagérons pas, mais on aime ce naming en surdose ! Retrouver Cerdan ou Froome (mais aussi Pasolini) qui sont des noms donc, au fond, rien que des mots. « Au mont Bel-Air après Trébry » rime ici avec abri.

« Vazy Marcel : fais l’oiseau dans le ciel !/C’est bon, les cui cui, après les pif paf / Pan & boum sur pif noeil arcade et bel/Uppercut d’endsous pour achver l’mataf ».

Prigent convulsionne la langue plus qu’il ne la révolutionne. Il écrit en briochin,  car Jarry en fut et invite à une pataphysique du sport avec chant, pur et magnifique Canne à discanne dirait le golfeur ! Y apprendre que Cerdan était surnommé le bombardier marocain est un délice et que Prigent, de Saint Brieuc, s’est remis au cyclisme en 2005 et se consacre au jokary depuis 2014 !

Les poètes ont donc des jambes et aussi des bras ! 



Chino aime le sport de Christian Prigent aux éditions P.O.L, 176 pages, 18€

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