Une plage de sable fin, des surfeurs, un regard de braise... et la vie bascule.
Paradise Lost s’intéresse à Pablo Escobar quelques mois avant qu’il ne se rende à la police colombienne, en 1991. Baron tout puissant de la cocaïne, milliardaire colombien qui fit frémir la Maison Blanche, Pablo Escobar a le profil type du chef mafieux, mari parfait, père de famille disponible et aimant, bienfaiteur des plus pauvres et ignoble meurtrier pour tous ceux qui ont eu le malheur d’encombrer sa route.
Nick, un jeune surfeur canadien en quête de plages paradisiaques, n’avait à priori aucune chance de se retrouver sur son chemin. Mais, il rencontre Maria, la nièce chérie de Pablo Escobar et tous deux tombent très amoureux. Son sort en est scellé.
Le portrait d’Escobar, joué sans relief par Benicio del Toro, acteur latino à tout faire qui fut le Che pour Steven Soderbergh avec le même enthousiasme – est pourtant la partie la plus réussie de ce biopic déguisé en thriller. Homme chaleureux, adulé par sa famille de sang et toute une partie de la population colombienne, détesté par ceux qui savent de quoi il est capable, Pablo Escobar est un personnage à double personnalité passionnant, qui fut homme politique avant de devenir mafieux. Quand on l’approche ici, il est déjà devenu un sanguinaire trafiquant en tout genre.
L’artifice du candide gringo éperdument amoureux qui décrypte le système est abusif. Il semble passer là par hasard. Alors que la Colombie est à feu et à sang, on comprend mal son intention d’y monter une école de surf : qui aurait l’idée saugrenue de venir y prendre des cours ? Ensuite, dans sa rencontre amoureuse comme dans sa manipulation par Escobar, il fait preuve d’une naïveté désarmante. Nick ne dit jamais non et ne se méfie pas alors mêmes que les têtes ne cessent de tomber autour de lui. Et que dire de Maria, sinon qu’elle est d’une crédulité à toute épreuve ?
Un biopic haut en couleur et très bien documenté aurait été une excellente idée, car le personnage Escobar a tant de facettes qui le mériterait amplement. Ici, le scénario inspiré d’une réalité lointaine est trop manichéen, trop gentil, surtout dans la première partie, pour fonctionner. Mais, reconnaissons au réalisateur, l’acteur italien Andrea di Stefano, dont c’est le premier long métrage, une réelle ambition tant dans la manière de construire son récit que dans son filmage… et les mêmes défauts que ceux d’un film américain médiocre : un casting et un jeu d’acteurs mous, une musique assourdissante, des personnages trop rapidement bâtis…
Véronique Le Bris
Ciné Woman
D’Andréa di Stefano, avec Benicio del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac