Mister Alabama par Phillip Quinn Morris HermineHermineHermineHermine

Mister Alabama est le premier ouvrage traduit en français de l’américain Phillip Quinn Morris. Et il était temps, puisque le bouquin est sorti en 1989 aux Etats Unis ! Un second livre suivra en 1990 et puis… Plus rien. Malgré un master en Ecriture Créative, il ne dégaine plus le stylo et doit rapidement reprendre ses jobs alimentaires. Aujourd’hui, il gagne sa vie comme peintre en bâtiment. Mais il se dit que la parution de son livre en France démange à nouveau sa plume. 


Mister Alabama par Phillip Quinn Morris

Après la lecture de Mister Alabama, on ne souhaite qu’une seule chose : qu’il replonge ! Car son « Mussels » (titre américain) est tout simplement une petite merveille : la perle dans un parc à huitres. Le pitch : été 1979, Mud Creek en Alabama, Alvin Lee Fuqua est pécheur de moule. Mais son rêve est de devenir le Mister America de bodybuilding, de trouver gloire et de tourner avec Burt Reynolds ! Evidemment tout ne se passe pas comme prévu… Et à travers un véritable huit clos en extérieur, l’auteur nous promène dans cette communauté de pécheurs où chaque personnage est dépeint à travers la douce folie de chacun. Des anciens qui trafiquent encore le whisky aux enfants prêts à la relève, en passant par Alvin, Cliff, Freddy, Ginger, Emma… le masque de plongée n’est jamais loin. Et il y a bien sûr Johnny Ray, le plus futé, le plus costaud, qui s’écroule un matin, mort de la maladie des caissons. Un décès qui déstabilise toutes la bande. C’est là que certains trucs partent vraiment en sucettes…

Cette vie loufoque, Phillip Quinn Morris l’observe avec tendresse, malice et humour. Il nous entraîne au rythme de la Tennessee River dans des situations loufoques où parfois la fiction rejoint la réalité. Leur réalité, entre spliff, azote, sky et… altères pour Alvin. On est assez proche d’un univers à la Edgar Hilsenrath (« Nuit », « Le nazi et le barbier »…), voire Bukowski, la référence ultime. On retrouve cette lente folie ordinaire qui nourrit une inexorable descente en enfer où l’absurde et le réel ne font qu’un et que l’humour est le seul à rendre plausible. Il faut évidement un talent fou pour réduire au minimum de mots des scènes, des actions, des gestes, des sourires. Phillip Quinn Morris possède ce talent et son Mister Alabama a tout pour devenir culte. Enfin !



Editions Finitude, 336 pages, 21€

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