C’était il y a vingt déjà, Miossec, s’essayait à la chanson. Fier, limite prétentieux (c’est lui qui l’affirme aujourd’hui) il ne pouvait imaginer que son premier album allait poser les bases d’un genre nouveau, celui de la chanson décomplexée... Aujourd'hui réédité en vinyle.

« Il m’a fallu deux ans avant de créer une chanson à peu près correcte, mais quand on commence à faire de la musique, l’idée c’est de ne jamais s’arrêter. »

Réédité aujourd’hui en vinyle, – une première l’objet n’existait qu’en CD – on ne peut céder à la tentation de le réécouter et de tenter de comprendre pourquoi ce disque est si important, aux yeux de Dominique A de Cali et de bien d’autres. Osons une comparaison. Si Michel Berger a donné le coup de reins nécessaire à la variété des années 1970, alors Miossec est responsable de celui des années 2000.

C’est le premier morceau le meilleur, « Non non non, non (je ne suis plus saoul)« , enfin le plus important celui qui pose l’album. Des textes qui transpirent la réalité, pas très poétique, plutôt direct, et il y a cet intrigant vouvoiement. Comme Michel Polnareff des années plus tôt, cela force le respect et intrigue, qui ose encore dire vous à sa gonzesse aujourd’hui ? Heureusement ce vouvoiement n’est pas une pose, on passe vite au tutoiement.

Musicalement, il n’y a qu’une voix accompagnée d’une guitare, or c’est ce côté brut (de pomme… Y’en a aussi !) qui frappe le plus, parce que la plume s’y révèle forcément vulnérable. On ne sait pas trop à qui le comparer. De qui s’est influencé Miossec ? Certainement pas de Gainsbourg, c’est sans doute une grande première.

Miossec a déjà presque 30 ans, il ne débute pas dans la prose et on le sent dans ses textes. Il a derrière lui une carrière de journaliste, ou du moins des années de pratique de l’écriture. Il n’y a pas de fioriture, juste des phrases simples et des mots immédiats pour exprimer sinon ses sentiments, ses envies. Ceci conjugué avec une profonde honnêteté. Miossec ne cherche jamais à se faire passer pour un super héros. Il est vulnérable et ne le nie pas. Cela commence avec ce terrible aveu « Je ne suis plus saoul… » comme si la bouteille était sa plus fidèle compagne. Et dans le deuxième titre, c’est un peu le même genre de phrase : « Même si je merde en permanence…. »

On sait l’histoire de ce disque, une cassette envoyée à Jean-Daniel Beauvallet des Inrockuptibles qui en parlera au label Play It Again Sam, un deal et un public immédiatement acquis à la cause, celle du Breton désespéré. L’histoire est belle, Miossec pouvait se consacrer à son art.

« Evoluer en 3ème division » est une jolie chanson sur le football, il n’y a que Jean-Louis Murat qui aurait osé et « Des moments de plaisir » une autre encore plus belle sur ces promesses d’amoureux jamais tenues.

Bon d’accord Miossec ne chante pas encore parfaitement, et le disque tire techniquement parfois un peu en longueur, mais il faut aller jusqu’au bout, non pas pour l’hommage involontaire à Johnny que perso j’adore (« La Fille à qui je pense« ) mais pour le dernier titre : « Que devient ton poing quand tu tends les doigts« . Ouf l’homme a beau être fier il ne se prend pas au sérieux.

Allez on profite du vinyle et de son concert au 104, le 13 décembre à Paris.

 

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Edito

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