Maurice Noguès, le rêve d’Orient HermineHermineHermine

Maurice Noguès avait deux amours : sa famille et sa ligne. Deux amours qui en filigrane expliquent la grande discrétion historique de ce breton hors du commun. Avec son excellent ouvrage « Maurice Noguès, le rêve d’Orient » Bernard Marck lève enfin le voile sur un pilote d’exception qui en notoriété spontanée arrive loin derrière Mermoz et Saint-Exupéry.


Maurice Noguès, le rêve d’Orient

L’histoire de l’aviation n’a retenu que les exploits de l’Aéropostale en délaissant le courage de tous ceux qui s’aventurèrent en Orient, puis en Asie jusqu’à Saigon. A commencer par le patron de tous ces pilotes, Maurice Noguès. Et les raisons de cette injustice et de la colère de l’auteur sont peut-être à chercher du côté des fameux amours du pilote ! En effet de retour en Bretagne après chaque exploit, Maurice Noguès n’avait qu’une hâte, retrouver sa femme Magdeleine et la sa petite fille Monik. Tandis que d’autres, célibataires devant l’éternel, battaient le tout Paris et contaient leurs aventures héroïques devant un parterre de journalistes séduits par autant d’audace. Des amis d’un soir et d’un vol au dessus des mers et des déserts. Leurs réputations les devançaient… Quand ils ne racontaient pas eux même leurs exploits !
Le second amour de Maurice Noguès, « sa » ligne, l’emprisonna dans une mission quasi mystique. La relation avec ses pilotes étaient presque filiale. Il les choisissait presque un par un. A tel point que cette ligne formait un clan. Une exclusivité qui illustre un caractère entier et passionné, voire timide, et souvent maladroit dans la communication. C’est ainsi que les lumières de la renommée s’écartèrent de ce breton, né à Rennes en 1889 et qui très tôt, grâce à la petite fortune familiale pu découvrir l’aviation jusqu’à devenir pilote pendant la grande guerre. Car au début du conflit, il n’est pas rare de voir arriver les pilotes avec leur propre avion !
Devenu Directeur Technique puis Directeur général de ce qui allait devenir Air France, Maurice Noguès trouve la mort en 1934 lors d’un terrible orage à quelques kilomètres de Paris après plusieurs jours de vols depuis Saigon à bord d’un avion prototype, le Dewoitine D.332 l’Emeraude. Et au moment de la construction de la compagnie nationale et dans un contexte de concurrence européenne exacerbée, de petits arrangements entre amis facilitèrent le silence officiel et médiatique (pléonasme ?) puis historique qui abattit ce pilote de légende une seconde fois. Rien qu’à ce titre l’ouvrage de Bernard Marck répare une injustice et qualifie les exploits du breton au même rang que ses collègues : héroïques ! Son petit fils, Alain Boucheron, patron d’une célèbre joaillerie éponyme de la place Vendôme, peut être fier de son grand père !



par Bernard Marck aux éditions Jean Picollec – 650 pages – 24,90€

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