M Com' Musique, où le pari un peu fou de deux amoureux de musique qui décident un jour de 2014 de fabriquer une presse vinyle. Un an plus tard, à raison de 300 disques par jour, Mickael Collet et ntoine Ollivier ont trouvé leur vitesse de croisiè;re. Pas question pour autant d'en rester là. Maîtrisant leur sujet, les deux bretons voient plus loin et souhaitent agrandir leur parc machines, mais aussi proposer une offre 360° aux artistes. Antoine Ollivier revient sur cette naissance et évoque l'avenir.

L’aventure M Com’ Musique démarre quand officiellement ?
Antoine Ollivier : On a immatriculé la société en novembre 2014 et on a commencé à fabriquer en mars 2015. Entre ces deux dates, on a monté l’atelier, c’est-a-dire qu’on a fabriqué la presse. Ce n’était pas forcément notre volonté au départ, mais on s’est rendu à l’évidence : des presses vinyles, on n’en trouve plus. A l’époque, on n’en fabriquait plus et les dernières en état de marche avaient déjà été rachetées ou broyées par les concurrents. Aujourd’hui (septembre 2015, ndlr), il semble que  les allemands s’y soient remis.  A l’époque, seule une vieille presse était à vendre 30 000€ ! Il fallait rajouter 10 000€ pour la remettre en état sous réserve qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises ! Ce n’était pas jouable. On a décidé de fabriquer la nôtre ! On a commandé un châssis hydraulique et un vérin et on s’est attelé à l’installation des parties mécaniques et automatiques.  L’autre grosse dépense ayant été la chaudière à vapeur.

Une chaudière à vapeur ? En 2015 ?
A.O. : Oui, c’est une vieille techno. Nous aussi on se disait qu’on allait trouver mieux. Mais non, ça fonctionne comme ça.

Pour monter une presse de A à Z, il faut s’y connaître un minimum. Quels sont vos parcours ?
A.O. : On est complémentaire. J’ai un bac technique dans l’électricité et Mickael a une forte expérience dans la mécanique ayant bossé pendant 5 ans dans le sport automobile.  En résumé, Mickael aurait pu monter la presse tout seul, car moi je n’avais pas touché à l’électricité depuis le bac : j’ai vraiment galéré ! Je suis reparti des bases.

Et vous vous êtes rencontrés comment ?
A.O. : L’idée est née en janvier 2014. On travaillait dans un même établissement. Michael en avait marre de voyager et avait quitté le sport automobile. Il s’était reconverti dans le dépannage. Moi j’organisais des concerts, mais ça ne m’emballait plus trop et j’avais un boulot à mi-temps. On s’est connu comme ça.  Au bout d’un ou deux ans à échanger sur nos vies et nos activités extra professionnelles – Mickael manageait une pilote de moto cross -, on s’est aperçu qu’on avait la même envie d’entreprendre.  On a alors commencé par faire des relations presse pour le label Beat Records. Avec mon réseau musical, ça fonctionnait bien. Mais les albums étaient mal, voire pas distribués. On a alors créé un réseau de distribution. On a commencé par du dépôt vente pour finir par contracter avec un grossiste. C’est comme ça qu’on a vu qu’il y avait quelque chose à faire sur le vinyle.  Des labels aux boutiques, tout le monde nous disait que la fabrication était problématique. Du coup, on a fait une étude de marché qui s’est révélée concluante ; la concurrence (MPO en Mayenne et un petit fabriquant dans le sud de la France, ndlr) confirmait en sortant ses chiffres. Du coup, on s’est lancé.

Jusqu’en février où vous étiez prêts pour honorer les premières commandes.
A.O. : Oui, le 1er mars on ouvrait les commandes. On a fait des tests avec Beast Records qui nous a prêté du son pour nos premiers pressages.  Entre temps, un presseur australien et un ingénieur américain nous ont donné quelques précieux conseils. Depuis, on affine notre offre  avec comme objectif le zéro défaut parce que la concurrence ne va pas tarder à se réveiller et qu’il faut qu’on garde notre petite avance.

La presse a annoncé au début de l’année que votre carnet de commande était plein pour un an, vous confirmez ?
A.O. : C’est faux ! J’ai communiqué en janvier (2015). A cette période, on recevait 10 demandes de devis par jour. A ce rythme on était plein pour un an, c’était sûr ! Ce qu’on n’avait pas anticipé, c’était que les demandes du mois de janvier étaient pour le Disquaire Day. En mars, c’était plus la même chanson.

Il  y a une saisonnalité pour le vinyle ?
A.O. : Noël et le Disquaire Day avec des petits pics dans l’année comme les rééditions de printemps.

 Et vous proposez quels produits ?
A.O. : On ne fait que des 12 pouces, qu’ils soient 33t ou 45t.

A quel rythme ?
A.O. : Nous pressons 300 vinyles par jour, ce qui correspond à la demande en général. Mais on peut aller jusqu’à 500 exemplaires en augmentant la cadence.

Quels sont vos clients ?
A.O.
 : Les groupes en direct et les petits labels dans une proportion de 80/20. Et 95% de notre clientèle est française. En Bretagne on bosse avec Mass Prod, Beast Records et Il Monstro principalement. Côté groupe, on est bien parti pour presser les derniers No One is Innocent et Sergent Garcia qui sont chez Verycords.

Et la qualité est au rendez-vous ?
A.O. : Nous avons de bon retours de nos clients, certains labels reviennent, ce qui est je pense une preuve de satisfaction. Notre cycle est assez long donc on a le temps de prendre parfaitement l’emprunte de nos sillons. Nous sommes en défaut industriel que l’on appelle « sur-qualité » qui est bénéfique pour la qualité, mais moins rentable pour l’entreprise, un juste milieu doit être trouvé.

Et votre activité commence et s’arrête au pressage ?
A.O. : Non, et c’est un de nos avantages en dehors de la proximité et de la réactivité : je connais assez bien le tissu musical. On est aussi distributeur et on peut s’occuper de la promotion. On est aussi un label. Pour l’instant on ne travaille qu’avec Daniel Baboeuf : on est en phase d’apprentissage, on veut bien travailler le projet.  Et si les groupes veulent un studio d’enregistrement, on bosse avec Fred Wolf qui est un ingé son haut de gamme et qui a un studio pas loin. C’est un peu lui notre « responsable » qualité !

Côté pressage de vinyle, vous voyez comment l’avenir ?
A.O.
 : Aujourd’hui, une presse comme la nôtre, les allemands vendent ça 80 000€. La nôtre fonctionne à 50% de ses capacités. L’objectif à court terme, c’est qu’elle tourne à 100%. L’avenir passe par deux autres presses « maison » et un travail 24/24. En fin de compte on est toujours en période de R&D !

Propos recueillis par Hervé Devallan

M Com’ Musique

 

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