Ils terminent leur tournée new-yorkaise sur les genoux mais repartent au pays les valises pleines d’espoir et surtout bien déterminés à voir leur scène de Carhaix se poser l’an prochain à Central Park. Jérôme Tréhorel, directeur général des Vieilles Charrues s’était rendu une première fois en mai dernier à New York. C’était à l’occasion de la Fête de la Bretagne. Le bonhomme avait déjà quitté les Etats-Unis remonté à bloc même si à l’époque, rien ne présageait d’un tel événement dans la Grande Pomme. Cette fois, Jérôme Tréhorel n’est pas revenu seul. C’est accompagné de son complice de toujours, le bouillonnant, Jean-Luc Martin, président du Festival qu’il a effectué sa virée new yorkaise. Quatre jours à en perdre haleine, la tête dans les étoiles, et marqués d’incroyables rencontres autour d’un projet fou qui commence à séduire les Américains… 


B.-A. – Alors, comment se présente le bébé ?
Jérôme Tréhorel –
Ça se présente plutôt bien. Il règne un grand enthousiasme ici à New York. J’avais déjà constaté cet engouement lors de ma première venue en mai dernier à l’occasion de la Fête de la Bretagne à laquelle j’avais été invité par l’association BZH New York pour présenter l’histoire extraordinaire des Vieilles Charrues. A la suite de quoi, on avait continué nos échanges avec BZH NY et une agence avec laquelle on travaille pour commencer à construire le projet et établir un pré-budget. Et ces échanges se sont concrétisés. On a commencé par retourner voir le lieu hier à Central Park…

Qu’en dites-vous? 
C’est un endroit magnifique qui s’appelle Summer Stage en plein cœur de Central Park, une scène ouverte aux concerts seulement six mois de l’année. Ce sont les Jardins de la Ville que j’ai rencontrés en mai qui m’ont proposé cet emplacement. C’était mon dernier rendez-vous en deux jours. Quand j’ai vu le lieu, j’ai dit : « Wouah ! Ce sera là… » Ce site se rapproche en plus de l’esprit des Vieilles Charrues. Un parc situé en pleine nature… Le cadre est génial. C’est la première pierre à poser de l’édifice qui reste à bâtir, le projet reposant sur l’idée de faire un coucou aux expatriés ainsi qu’à tous les amis de la Bretagne dans le cadre du 25e anniversaire des Vieilles Charrues.

Ce serait Carhaix à Central Park ?
Il faut savoir que toutes les personnes qu’on a rencontrées ici depuis ces derniers quatre jours connaissent toutes les Charrues. Certains sont des amis, d’autres sont des bénévoles. C’est assez incroyable de voir de ce côté de l’Atlantique autant de bienveillance. Carhaix, c’est plus qu’un festival, c’est un état d’esprit, une ambiance qui a traversé l’océan. C’est aussi pourquoi, on veut créer un événement exceptionnel avec une programmation qui nous ressemble en amenant un bout des Vieilles Charrues sur Central Park. On veut dire à nos cousins éloignés que s’ils ne peuvent pas venir à nous, nous, on peut venir à eux.

Comment vous est venue l’idée d’amener les Vieilles Charrues à New York ?
C’est en fait parti de l’équipe de BZH lorsque je suis venu raconter notre histoire au mois de mai. Cette success story à la française qu’on a l’habitude de voir aux Etats-Unis a séduit beaucoup de gens ici. Une bande de copains qui fait naître l’un des plus gros festivals en Europe dans une petite commune de centre-Bretagne avec 6000 bénévoles, une politique tarifaire consistant à avoir les billets les moins chers et qui réussit à faire venir Bruce Springsteen, David Guetta, Muse ou Neil Young… Et qui de plus ne fait pas ça pour l’argent mais pour le plaisir et amener de la bonne musique. C’est vrai qu’ils ont halluciné. Cette rencontre a vraiment eu un impact important. Et c’était aussi présenter une autre image la Bretagne.

Ce sont donc les Bretons de New York qui vous ont convaincu ?
C’est-à-dire que lorsque nous avions commencé à évoquer le projet, je leur avais dit que la première chose à trouver, en plus du lieu et donner du sens à tout cela, c’était bien sûr les budgets car les fonds ne viendraient sans doute pas de France. Mais je n’avais pas le temps de leur parler des contraintes que deux heures plus tard, ils me mettaient en contact avec des interlocuteurs appropriés. On traversait New York dans tous les sens. J’ai dû avoir quinze rendez-vous en deux jours au mois de mai. C’était vraiment incroyable…

Y avez-vous cru vous-même ?
Je suis rentré de mon premier séjour complètement remonté. J’ai tout de go lancé à Jean-Luc et à l’équipe : « Il faut qu’on fasse quelque chose là-bas, il y a une bande d’énervés qui est un peu comme nous. Et ils viennent tous en plus de Gourin et de Carhaix » Ils m’ont tous pris pour un fou en me disant : « Mais ça va pas bien ? T’es tombé sur la tête ? » C’est vrai que je suis quelqu’un de plutôt réservé qui aime que tout soit bien calculé. Habituellement, c’est Jean-Luc qui fonce et moi qui freine derrière. Mais cette fois-ci, c’est le contraire qui s’est passé… (rires). J’ai raconté l’histoire et ça a séduit tout le monde.

Que va-t-il se passer maintenant concrètement ?
L’idée est de la faire à la « Carhaix ». On a une équipe d’une quinzaine de personnes qui travaille à l’année et qu’on veut amener dans nos bagages pour mettre en place une collaboration et le maillage avec les Bretons de New York.    

Vous avez donc obtenu le feu vert de la ville de New York ?
Oui, nous avons déjà rencontré deux fois l’équipe du Summer Stage qui gère cet espace à Central Park. Des gens super sympas, très ouverts, tout le temps disponibles qui ont aussi halluciné à l’écoute de notre histoire. Quand on leur a expliqué qu’on remplissait l’équivalent de quatre fois le Stade de France à raison de 70 000 personnes par jour, le tout dans un champ, ils n’en sont pas revenus. L’aspect logistique qui est un point très important, ce serait avec eux. Et ils peuvent vraiment nous faciliter le fonctionnement et l’organisation.

Pour quelle date ?
On serait sur le troisième week-end de septembre 2016, le 24 ou 25 septembre.

Combien de personnes pourriez-vous accueillir et sur quelle durée ?
L’audience serait de 4 et 5000 personnes. Nous disposons d’une demie journée, de la fin  de l’après-midi jusqu’au milieu de soirée.

Avez-vous déjà des noms d’artistes en tête ? On parle de Stromae…
Nous allons mettre en marche le Label Charrue qui est dispositif d’accompagnement d’artistes émergents. On prévoit de faire appel à un ou deux groupes, puis on va regarder entre des artistes francophones, amis des Charrues et aussi des Américains ou créateurs français qui parlent à la population new yorkaise. 

Et donc côté finances ?
Maintenant que le terrain est balisé, la seconde marche va consister à présenter notre projet évalué à environ 500 000 dollars à nos sponsors en France ainsi qu’à des partenaires potentiels américains qui souhaiteraient participer à cette aventure un peu folle à New York. Nous avons déjà des discussions en cours.

Le bilan de ces quatre jours en deux mots ?
Lessivés. Ici, ça va très vite. On passe la journée à échanger des business cards. On n’a jamais vu ça. On a rencontré des gens de tous les univers, chefs en cuisine, bloggeurs, assureurs, producteurs… On est même allé jouer à la pétanque avec les Bretons à Bryan Park. Et on a failli gagner. Avec Jean-Luc, on est super contents. Tous nous disent qu’ils veulent nous aider. On va revenir et on dormira après…

Propos recueillis par Marie Le Blé


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