En navigant sur le site de Yes California, la souris s’arrête tout naturellement sur la rubrique FAQ (questions fréquemment posées) et là, en un petit clique, deux des sept questions-réponses attirent soudain l’attention du lecteur. Question numéro 6 : « Yes California reçoit-elle le soutien du gouvernement russe ? » Puis, la question numéro 7 : « Le président de Yes California vit-il en Russie et pourquoi ? » Les réponses sont aussi directes que les interrogations posées. « Notre campagne n’a jamais reçu d’aide financière et de soutien matériel quelconque de la part du gouvernement officiel russe, lit-on tout d’abord. En septembre 2016, notre président a été invité à participer à une conférence au Carlton de Moscou mais a payé son billet d’avion avec son propre argent… » 

« Cela m’a ouvert l’esprit »

On découvre ensuite que le président de Yes, Louis J. Marinelli par ailleurs injoignable par téléphone, par email ou via les réseaux sociaux vit en Russie depuis dix ans, à Yekaterinburg, exactement où il travaille comme professeur d’anglais après avoir été étudiant à Saint-Pétersbourg. Le fondateur de Yes California affirme aussi effectuer des voyages réguliers entre la Russie et les Etats-Unis où il est né. « Vivre à l’étranger m’a permis d’avoir une autre vision de mon pays. Cela m’a ouvert l’esprit », commente l’intéressé sur le site.

L’intrusion de la Russie dans les élections américaines étant devenu un sujet de préoccupation majeure, ces commentaires bien qu’ayant le mérite d’exister laissent quand même songeurs.

Le lieu de résidence de ce trentenaire intrigue et alimente les rumeurs. Les spéculations vont bon train dans la presse comme sur les réseaux sociaux. « Les commentaires des médias sont parfois très négatifs », rapporte gêné le vice-président. Visiblement, le sujet heurte, voire blesse et inquiète.

Une « ambassade californienne » à Moscou

L’ouverture d’une « ambassade californienne » en décembre dernier à Moscou en association, précise le site, avec le mouvement antimondialiste russe n’a pas arrangé les choses. « Entre les mains de Putin, tweetait sans ménagement le mois d’après le Parti national californien (CNP), mouvement indépendantiste rival auquel a appartenu le président de Yes. Nous ne prendrons pas les ordres du petit chien de Moscou, Marinelli. »

Réponse de l’intéressé. « Notre centre culturel, ambassade du peuple ne dessert aucune fonction diplomatique. Il est le premier centre que nous voulons ouvrir à travers le monde. Nous sommes indépendants et nous voulons le rester que ce soit vis-à-vis des Etats-Unis, de la Russie ou de tout autre pays. »

Après plusieurs apparitions dans les médias russes, le président de Yes a dû s’expliquer dans une vidéo. « Le fait que je sois un professeur d’anglais à Yekaterinburg ne veut pas dire qu’il y a conspiration ou soutien des Russes dans notre campagne. » « Le fait d’avoir été étudiant à Saint-Pétersbourg ne veut pas dire non plus que je connais Vladimir Poutin qui est diplômé de la même université que la mienne en 1975 », s’insurge le jeune californien.

Sa femme citoyenne russe

La raison de la présence de Louis J. Marinelli en Russie serait en fait d’ordre sentimental. Sa femme, citoyenne russe, rencontrée à l’époque de ses études l’aurait, dans un premier temps, suivi à San Diego où le couple aurait vécu quelques temps avant qu’elle ne rencontre un problème de visa. L’Américain et sa jeune épouse auraient alors été contraints de revenir habiter en Russie. Pourquoi pas.

Il semble de plus peu probable qu’au pays de Tolstoï, les autorités prennent très au sérieux les velléités d’indépendance du groupe californien et de son jeune expatrié. Pour autant, la Côte Ouest a connu une importante vague d’immigration russe au début du XIXe siècle. La communauté existante pourrait-elle via ce nouveau lien transpacifique y trouver quelques intérêts à défendre. Affaire à suivre…

MLB

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Le vice-président de Yes California, Marcus Ruiz Evans, y croit dur comme fer. Pour cet ancien designer urbain, le nombre grandissant de soutiens rend une indépendance possible.

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