Dans un futur froid et aseptisé et hiérarchisé en trois classes bien distinctes, l’alimentation est entièrement réglementée par des multinationales qui produisent et vendent tout ce dont les citoyens se nourrissent. Il est ainsi interdit de cultiver ses propres semences. Anne Brejinski, qui comparait aujourd’hui devant le tribunal l’apprend à ses dépens. Son tort : avoir découvert des graines de tomates et osé les faire pousser chez elle…
Avec La Tomate, Anne-Laure Reboul (dont c’est le premier ouvrage) et Régis Penet signent un passionnant récit d’anticipation et nous mettent en garde contre les dérives de nos sociétés modernes gangrénées par la surpuissance des multinationales. En imaginant un futur où il est strictement interdit de cultiver le moindre fruit ou légume, les deux auteurs nous offrent un récit pertinent, construit en flash-backs, qui nous interroge sur l’état de notre monde et sur l’appropriation du vivant par des organismes privés. Un sujet hautement d’actualité auquel le trait sobre et épuré de Régis Penet (Koba, avec Jean Dufaux) confère une réelle densité. Le dessinateur et coscénariste met en effet en image un avenir clinique et froid (les rues de la capitale n’ont jamais été aussi austères), qui évoque autant 1984 que Bienvenue à Gattaca. Sa vision de ce que nous pourrions devenir est proprement terrifiante et accentue l’impact de cette Tomate ne manquant pas de saveurs.
Scénario : Anne-Laure Reboul et Régis Penet. Dessins : Régis Penet. Editions Glénat. 19,50€.
