La terre outragée HermineHermineHermineHermineHermine

 La catastrophe nucléaire comme expérience intérieure. Le très beau film de Michale Boganim, porté par la sublime Olga Kurylenko, embarque le spectateur pour un voyage intimiste émouvant. L’âme slave passe ici au révélateur d’une terrifiante mais invisible menace.


La terre outragée

Il y a l’avant : le mariage des jeunes gens beaux, heureux et bien portants, un père technicien à la centrale qui n’aime rien d’autre qu’aller pêcher la truite avec son fils, la vie paisible au bord du fleuve nourricier. Pendant, il pleut une eau noire, les militaires barrent les routes, les arbres se recroquevillent. La vie d’Anya bascule alors, elle ne pourra revoir le jeune marié, élu de son cœur. Il a reçu une telle dose de radiations qu’on ne peut l’approcher : « votre mari ce n’est plus un homme, c’est un réacteur, si vous le voyez, vous mourrez ! » assène l’infirmière débordée à la jeune femme.

Et puis il y a après : le ballet des âmes perdues, incapables de quitter tout à fait la zone irradiée ou de réaliser l’absurdité de ce qui est arrivé. On fête les morts avec des offrandes chiches, mais il faut bien vite repartir vers le monde des vivants. Un homme d’ailleurs n’est pas tout à fait mort, il a préféré la folie. Incapable de faire face, il parcourt les gares tel un héros wendersien des années 1970, recense les gens pour conjurer l’effroyable réalité. Il y a Anya surtout, cassée en-dedans mais qui voudrait continuer d’aimer et de rêver.  Qui perd ses cheveux et dont la quête sans fin vous noue la gorge.

Bientôt on retrouve le jeune lycéen autrefois enfant curieux au mariage, son discours annonce un renouveau possible, peut-être que certains ont été épargnés ? Mais il rappelle incidemment sa malformation cardiaque, on réalise alors à quel point ce film est sans concessions. Quand bien même la menace nucléaire n’est jamais évoquée de manière passionnelle ou abordée d’un point de vue politique (ce constat à froid est aussi une des forces de l’œuvre), on se félicite en sortant de la salle que la Bretagne ait su dire non à cette monstruosité…

 



2012 (1h 48min) Réalisé par Michale Boganim Avec Olga Kurylenko, Andrzej Chyra, Serguei Strelnikov

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Edito

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