Dans les années 50, Jack Cluthers, directeur d'une entreprise de fabrication d'enveloppes, n’a pas su amorcer le virage de la technologie, tant et si bien que sa petite société est désormais au bord de la faillite. Perdant peu à peu pied, il s'acharne à faire vivre sa manufacture à laquelle il se voue corps et âme, au risque d'en oublier de vivre...
Pour les amateurs de BD anglophone, Chris Oliveros n’est pas un inconnu. Il est en effet le fondateur de la maison d’édition canadienne Drawn and Quarterly, née en 1990 et qui s’est imposée, dans le milieu, comme l’un des labels indépendants les plus prestigieux d’Amérique du Nord. Dans son catalogue, on retrouve ainsi des œuvres de Chester Brown, Seth, Joe Matt et Adrian Tobin dont certaines sont depuis devenues des classiques. Délaissant ses activités d’éditeur, Chris Oliveros fait aujourd’hui l’actualité en tant qu’auteur avec cette Manufacture des Belles Enveloppes, son premier roman graphique. Un roman graphique qui révèle tout le talent de l’intéressé, ce dernier signant ici un ouvrage en noir et blanc, au trait simple et au charme désuet et dont la narration, déconcertante dans un premier temps, se met peu à peu en place afin de nous livrer, au final, un portrait sans concession de l’ultralibéralisme et de ses conséquences. Avec ses planches aux cadrages parfois étranges et son découpage murement réfléchi, La Manufacture des Belles Enveloppes s’impose comme un album atypique qui, empreint d’une poésie désespérée, envoûte le lecteur, au fil des pages, et ce, jusqu’à un dénouement semblant inéluctable.
Dessins et scénario: Chris Oliveros. Editions Delcourt (Collection Outsider). 15,50€
