Ce premier album, issu de la collaboration du multi-instrumentiste John Trap et de la chanteuse ooTi, couple à la scène comme à la ville, a vraiment pris forme avec l’arrivée d’Arnaud Le Gouëfflec, dans un premier temps chargé des textes, puis comme partie intégrante du groupe. Le trio a réussi à concocter en quelques mois un album à la fois frais, lumineux et sombre. ooTi y chante sans artifice avec une voix qui tape au cœur, fragile et puissante à la fois. Les arrangements sonnent toujours juste grâce aux qualités de John Trap, passé maître dans l’art de vous concocter une mélodie entêtante avec deux bouts de sample et une guitare. Quant à Arnaud, il semble avoir ici trouvé la muse dont il avait toujours rêvé tant ses textes entre en symbiose avec la voix d’ooti. Des paroles sur mesure donc, pour un univers intemporel, étrange et poétique. Tendre et dérangeant. Chaque chanson s’articule comme un court-métrage musical, entre contine enfantine et mauvais trip sous acide. Lewis Caroll aurait certainement adoré. Ou Edgar Alan Poe. Ou Lynch et Burton. En fait, difficile de trouver une faille à ce disque qui ne ressemble que bien peu aux autres productions françaises du moment. YY ne s’y est pas trompé en signant le trio pour un album mixé par l’excellent Gilles Martin (Miossec, Deus), ni Dominique A qui chante sur deux titres. Une collaboration bienvenue qui, espérons-le, donnera un coup de projecteur sur ce projet unique et tellement précieux.
