L’homme qui rit de Jean-Pierre Améris HermineHermineHermine

Troisième adaptation au cinéma du roman le moins connu de Victor Hugo, cet Homme qui rit moderne brille par son casting tout en laissant sur sa faim.


L’homme qui rit de Jean-Pierre Améris

Alors qu’il n’a que 10 ans, Jean-Pierre Améris, le réalisateur des Emotifs anonymes, est subjugué par l’adaptation que Jean Kerchbron signe de l’œuvre de Victor Hugo pour la télévision.  Il lit le roman adolescent et en reste pantois. A 15 ans, lui qui mesure déjà 2 m et est très complexé par sa taille, est plus que sensible à la douleur de passer pour un monstre aux yeux de ses semblables. Ce qui est aussi le cas de Gwynplaine, le héros de Hugo, devenu ici le personnage central du film. 

Gwynplaine n’est qu’un enfant quand il est défiguré. Son visage est scarifié de telle manière qu’il porte un éternel sourire dont beaucoup se moquent. Abandonné dans une tempête, il recueille une petite fille aveugle. Ensemble, ils trouvent refuge chez Ursus, un marchand ambulant qui les prend sous son aile et leur apprend la vie. Plus tard, tous les trois créent un spectacle inspiré de la vie de Gwynplaine qui obtient  très vite un vif succès. Tant et si bien,  que la Cour commence à s’intéresser à eux. Ce qui causera leur perte.

Evidemment, résumer ainsi le livre d’Hugo est très limitatif mais, et même si l’histoire traitée est plus dense dans le film, abordant des sujets sociaux, politiques et même sentimentaux très denses, Jean-Pierre Améris a pris le parti de se concentrer sur Gwynplaine  pour les raisons expliquées plus haut. Il ne situe son histoire ni dans un pays, ni à une époque précise, ce qui donne une certaine modernité à un récit déjà très universel. Etonnamment, cette troisième adaptation au cinéma de L’Homme qui rit n’est donc pas vraiment un film d’époque, mais plutôt une fable sur la différence, sur la tolérance et sur les brûlures et les illusions du pouvoir.  Pourtant, ces thèmes n’étant qu’évoqués, on reste un peu frustré qu’aucun d’entre eux ne soit abordé un peu plus profondément. Comme ci Victor Hugo avait un peu perdu de sa superbe, de son aplomb et finalement de son intelligence et de sa pertinence.

Pourtant, grâce à une distribution vraiment haut de gamme – Gérard Depardieu brille d’une humanité rare, tandis que les deux jeunes, Marc-André Grondin ou Christa Théret, ou même la vénéneuse Emmanuelle Seigner  sont impeccables – , ce film reste une excellente manière de découvrir l’œuvre d’Hugo. 



Réalisé par Jean-Pierre Améris, avec Gérard Depardieu, Marc-André Grondin, Christa Théret et Emmanuelle Seignier. France. Durée : 1h 33.

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