En Bretagne, il en va du cidre comme de la bière : il faut se démarquer pour exister. Et manifestement, cette « story telling », Laurent Guillet, président des cidres Kerisac, la maîtrise parfaitement. Non seulement, il est le quatrième du nom à prendre en main les destinées de l’entreprise, mais il garde intacte cette volonté de fabriquer du cidre breton en Loire Atlantique. Quitte à bousculer quelques certitudes jacobines, ici à Guenrouët, nous sommes en Bretagne et pour des siècles encore ! En revanche, si quatre générations de Guillet renforcent une image de sérieux, de qualité et d’innovation, il faut se battre au quotidien pour imposer ses produits. Rencontre avec un homme, un lieu et de nombreuses et belles histoires. 


Au cœur du village de Guenrouët, à une cinquantaine de kilomètres au nord ouest de Naoned, les cidriers Guillet sont ici chez eux. A tel point que près de 100 ans après l’installation des premiers pressoirs (Kerisac fêtera son centenaire en 2020), l’entreprise s’agrandit encore au centre du village. Des entrepôts à la fermentation en passant par le triage, le broyage, le pressurage, l’assemblage et – enfin – la mise en bouteille, tout est réalisé sur place. Dernière acquisition 2016 ? Un restaurant qui bientôt sera transformé en boutique. Le tout dans le plus profond respect de l’environnement, à la fois visuel, sonore et écologique. Ainsi l’eau utilisée pour le tri des pommes provient directement du puits familial et finit par arroser les champs aux alentours ! Il en est de même du marc de pomme qui après avoir donné tout son jus (le moût) est brulé puis vendu à la société Cargill (à deux pas de là) qui sait en extraire la pictine si chère aux laboratoires pharmaceutiques pour aromatiser certains médicaments et autres entreprises cosmétiques pour agrémenter leur rouge à lèvres et vernis à ongles ! Fini le temps ou tout ça était versé dans la rivière pour le plus grand bonheur des poissons… et des pêcheurs !

Solidaire de ses partenaires

En revanche, on n’échappe pas au truisme : un bon cidre, c’est d’abord de bonnes pommes. Et pour cela, Kerisac fait confiance aux propriétaires de vergers qui soignent leurs arbres fruitiers dans le respect de la tradition. Une  tradition qui n’interdit pas l’automatisation du ramassage ! Avec plus de 50% des vergers à moins de 50 km de la fabrique (les vergers les plus éloignés sont dans le Morbihan), Kerisac reste éco responsable et surtout solidaire de ses partenaires en précommandant les récoltes. La garantie de maintenir le chiffre d’affaires et les revenus, quels que soient les aléas climatiques et économiques ! Au total, ce sont 6.000 tonnes de pommes qui arrivent chaque année entre septembre et novembre à Guenrouët. Le résultat ? Quelque 8 à 9 millions de bouteilles que l’on retrouve partout en Bretagne, en France et au-delà (USA, Canada, Australie, Japon…) dans les grandes surfaces et les bonnes crêperies.

Marier cidre et gastronomie

Cette vigilance et cette volonté de tirer vers le haut la qualité est le postulat de départ. Le pari est désormais d’attirer de nouveaux consommateurs et de rajeunir l’image du produit. Pour cela plusieurs pistes : des cidres aromatisés (Cidre aux Fruits Rouges, Cidre à la Poire), un cidre Rosé, un cidre de Glace… Qui viennent enrichir les traditionnels bruts, doux et autres demis secs.  Laurent Guillet va un peu plus loin et propose de marier cidre et gastronomie. C’est ainsi que le chef Frédéric Vaillant du Relais Saint Clair de Guenrouët élabore de nouvelles et succulentes recettes à base de cidre et de pomme. N’hésitez pas à déguster le foie gras poêlé au Kérisac de glace ou les Ravioles de saumon aux petits pois, salade de fenouil cru et pomme, vinaigrette de cidre. ! Un régal. Car, ici, dans ce coin de Bretagne, tradition rime avec innovation. D’ailleurs, l’association Produit en Bretagne ne s’y est pas trompée et dispose avec les cidres Kerisac d’un leader naturel dans ce coin reculé du 44. Pour plusieurs générations au moins.

3 QUESTIONS A LAURENT GUILLET, PRESIDENT DES CIDRES KERISAC
Pourquoi le logo Produit en Bretagne est si important ?
Parce que je suis un breton et que les cidres Kerisac sont en Bretagne ! Ce sont mes origines. C’est aussi un acte militant pour la réunification de la Loire Atlantique à la Bretagne.  Une revendication que l’on partage avec l’association Produit en Bretagne.

Comment devenir partenaire de Kerisac ?
Tout d’abord, il faut avoir des terres et être passionné. Ensuite, nous aidons financièrement chaque nouvel arrivant puisqu’un pommier ne donne qu’après 7 ou 8 ans. Pour la plantation, le choix des variétés … nous avons un cahier des charges. Enfin, nous achetons en exclusivité l’ensemble de la production tout en garantissant les revenus. Si une année, nous n’avons besoin que de 50 tonnes et que las arbres donnent 100 tonnes, nous achetons le tout. Pour les petits propriétaires, c’est un revenu complémentaire très appréciable. Ensuite, certains vergers font jusqu’à 40 hectares et produisent plus de 1000 tonnes de pommes !

La variété Rouge Délice, une pomme d’avenir ?
C’est effectivement la pomme qui produit le cidre rosé. Un cidre qui se vend de mieux en mieux. Donc oui, la Rouge Délice ou les variétés de la même souche sont très recherchées.  

Laurent Guillet est le quatrième du nom à prendre en main les destinées de l’entreprise Kerisac qui fêtera ses 100 ans en 2020.
Cidres Kerisac

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