Jusqu’au 17 mai. Courir encore à Landerneau au Fonds Leclerc puisqu’il est encore temps. Pascale Le Thoret nous présente une rétrospective pas simple d’un peintre qui donne à penser. Et ça, par les mauvais temps qui courent, c’est un risque !
Le risque sous le toit pentu des Capucins de se voir sans se reconnaître. Monory met le miroir en plein tableau, le regardeur est dans la toile, oui, mais à une petite nuance près, car perforé de balles. Sans doute pour cette raison que je le croyais mort, Monory, alors qu’il est à l’heure qu’il est un peintre ultramoderne qui montre depuis six ou sept décennies que l’homme est mortel, la vie sombre, l’univers noir et le destin tragique.
La scénographie des Capucins dédouble les tableaux, force l’espace, expose l’exposition grâce à des jeux de miroir simples et subtils qui donnent à voir une œuvre majeure du XXème et en expansion !
On ne l’ignore pas que toute vie a une fin mais c’est au pays des enclos à ossuaire que l’œuvre de Monory se déploie : le bleu est majoritaire. Les tableaux sont bleus, c’est d’abord ce qu’on voit. Hyperréalistes car c’est notre vie, nos enseignes, nos Amériques qui sont dans le bleu, lequel nous déplace : ceci est une fiction et cette fiction nous regarde. La suite est celle d’un peintre du mouvement. Ah le tableau de « la voleuse », c’est une trajectoire. Un travelling. Nous y voilà, Monory peint ce que Godard filme.
Aillaud aux Beaux-Arts de Rennes, Monory à l’ouest, la Bretagne par moment enchante ! Citons Aillaud car, comme Monory, il peint l’animal. Sa solitude et nos ressemblances.
Jacques Monory, on pourrait le croire flingué depuis longtemps à force d’avoir peint des barillets sous toutes les coutures et ses tableaux en couverture de polars. Le bleu ou le Technicolor de ses tableaux sont à voir à Landerneau, magnifiquement réunis et mis en scène. On n’y meurt pas même si sortir de cet univers hoppérien (beckettien ?) mérite quelques précautions : L’œuvre doit être comme un crime parfait. C’est Monory qui le dit !
