Idriss El Mehdi « Wild bird » HermineHermineHermineHermine

Pianiste de jazz, Idriss El Mehdi réinvente un blues occidental à grand renfort de Guembri. Trois cordes de boyaux de chèvre qui swinguent et transcendent le genre.

Idriss El Mehdi « Wild bird »Note : 4 sur 5

Le piano mène à tout, y compris au Guembri, un instrument traditionnel marocain. « Moi, le pianiste habitué depuis tant d’années à avoir à ma disposition 88 notes de musique pour m’exprimer, je me trouvais face à 3 simples cordes faites de boyaux de chèvre.» explique Idriss El Mehdi dans sa biographie. Né à Casablanca dans une famille de mélomanes, il a la chance de baigner dans une double culture franco marocaine, entre musique classique arabe et occidentale, jazz et rock. Après avoir étudié dans les meilleures écoles de jazz en France (American School of Modern Music et la Bill Evans Piano Academy), le jeune homme fait une rencontre décisive pour la découverte et l’apprentissage du Guembri, celle d’avec le maître du mysticisme soufi, maalem gnaoui Mahmoud Guinea. En parallèle, il poursuit sa carrière de pianiste dans plusieurs formations afro jazz et accompagne quelques artistes français (Axel Bauer, Calogero, Hubert Mounier) et internationaux Cerrone et Luz Casal.

C’est cette histoire qui permet de mieux comprendre ce magnifique et étonnant « Wild bird » que nous propose aujourd’hui Idriss El Mehdi. Un peu comme Rachid Taha désenclavant le rock, il réinvente le jazz et le blues en y mêlant les sonorités africaines graves et sourdes de l’instrument guinéen. Loin d’être une simple juxtaposition, c’est à une véritable fusion qu’il met ici en action. Autour d’une rythmique basse (Guembri) – batterie des plus traditionnelles, virevoltent guitares, piano et percussions. Et en ne l’imposant pas comme vitrine folklorique, le pianiste de jazz utilise ces 3 cordes magiques pour leurs sonorités à la fois rondes et rugueuses et en profite pour réinventer un blues occidental en mal de racines. Si on y ajoute une production puissante bien dans l’air du temps, on arrive à un disque qui swing et transcende le genre à grand coup de slides guitares et de chœurs entêtants. Bref c’est de la veine d’un Don Cavalli ou d’un Lenny Kravitz ayant enfin inventé quelque chose.

Hervé DEVALLAN

Idriss El Mehdi « Wild bird » (Awang)

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