Cette fable futuriste s’approche d'abord du meilleur, façon Big brother. Avant, en seconde partie, de décevoir en lorgnant du côté des jeux vidéos.
Les débuts bucoliques de « Hunger games » – Ah, cette belle jeunesse chassant dans les forêts – sont trompeurs. O combien ! Car un big brother très mal intentionné veille. Et nous voila vite fait embarqués dans un monde absurde. Il n’est pas sans rappeler le nôtre quand la fable d’anticipation force à peine, mais subtilement, le trait d’un futur possible. Ainsi, au-delà des décors grandioses, cette entité coupée en deux, avec les travailleurs de l’ombre d’un côté, exploités et corvéables à merci sur leur continent perdu, et les bourgeoisies urbaines insouciantes et décadentes de l’autre, fait de toute évidence penser à quelqu’un ou quelque chose…
Et, jusqu’à ce que le défi mortifère ne soit initié entre les adolescents, le film reste parfaitement maîtrisé et captivant. On pense parfois à une des premières réussites du genre « nouveaux jeux du cirque », l’épique et visionnaire « Rollerball » de Norman Jewishson. Il faut ajouter que la jeune, et très belle, Jennifer Lawrence incarne à la perfection cette amazone vertueuse, quand Stanley Tucci, en Nikko Aliagas vomitif ultra-décadent, assure diablement.
La seconde moitié du film, celle qui se déclinera certainement en jeu vidéo attractif, est nettement moins convaincante tant les prises de distance avec une certaine « logique » sont parfois exagérées. Comme si on avait changé de scénariste en cours de route pour en arriver à un traitement plus télévisuel. Le charme de Katniss, l’héroïne si pure, continue cependant d’agir et la fin, peu prévisible, redonne du poids à une fable satirique et finalement tout à fait inquiétante.
2012, realisé par Gary Ross avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Woody Harrelson, Lenny Kravitz, Stanley Tucci, Donald Sutherland