Chaque jour, comme le ressac battant une terre friable, l’Etat français grignote la mémoire de la Bretagne.
On ne rappellera pas l’antienne de la réunification (quel autre pays supporterait de vivre sans sa capitale ?). On s’étonnera simplement de deux nouvelles attaques.
La première et très ancienne bataille, que l’on croyait enterrée, concerne l’usage de nos prénoms. On pensait oubliées les années d’après guerre où les préfets français choisissaient eux-mêmes les prénoms des enfants bretons. Pour notre bien, évidemment. Pourtant, aujourd’hui, après Fañch, voici que le procureur de la République confirme la décision de la Mairie de Rennes (socialiste, rappelons le…) : Derc’hen n’existe pas ! Au-delà de l’étonnement et de la colère, c’est pourtant ce que la France défend elle-même qui est attaqué, à savoir la liberté ! Et dire qu’il est par ailleurs officiellement possible en France d’appeler ses enfants Scout LaRue, Suri, Lourdes, Sunday, Pax, Egypt, North West, Summer Rain, Maddox et autres Apollo Bowie Flynn…
Mais le coup de grâce de l’an 2018 pourrait être la seconde attaque : voici que revient une autre étrangeté politique, la réforme de la carte judiciaire, visant à faire passer la Loire-Atlantique de la juridiction de Rennes à celle d’Angers ! Si rien n’est encore acté, il nous semble quand même que l’histoire bégaye sous les coups de boutoirs incessants de la pression jacobine. Déjà en 2007, l’opposition s’était mobilisée avec, à Rennes, le 29 septembre, un millier de militants bretons et d’avocats (venus aussi de Saint Nazaire) manifestant pour « la défense de l’unité judiciaire et historique de la Bretagne ».
Le temps passe et rien ne change. Si les Corses en font l’amère constat, ils avancent quand même. Les Bretons, tristes et simples spectateurs, perdent du terrain un peu plus chaque jour. Et si le temps de la mobilisation était venu ?