Etunwan : celui qui regarde HermineHermineHermineHermineHermine

En 1867, dans l'après-Guerre de Sécession, le jeune photographe Joseph Wallace quitte Pittsburgh pour accompagner une mission de repérage géographique. Il y découvre les grands espaces et rencontre des Sioux. Ce bref contact avec un peuple sur le point de disparaître va changer sa vie… 


Etunwan : celui qui regarde

Impossible d’en dévoiler plus sans gâcher le plaisir du lecteur. Certes, on ne compte plus les bandes dessinées prenant le Far West pour décor – de Hermann (Comanche) à Jean Giraud (Blueberry) en passant par Derib (Buddy Longway, entre autres), la conquête de l’Ouest, ses aventures et ses avanies furent une source d’inspiration intarissable pour le neuvième art. Cependant, Thierry Murat cite plus volontiers la ligne claire des années quatre-vingt (Yves Chaland, Serge Clerc, Ted Benoit…) qu’il dévorait adolescent, et revendique l’influence de la narration des mangas dits littéraires. De toute façon, la force de ce roman graphique réside surtout dans son refus des catégories. Très documenté, Étunwan relève à la fois du roman initiatique et épistolaire, et développe une réflexion sur la photographie, le temps qui passe (l’histoire, parfois elliptique, s’étale sur près de quarante ans) ou encore la poésie (est abordée la réception – imaginaire – d’une traduction des Fleurs Du Mal de Baudelaire). Et puis, il y a le dessin, bien sûr. Une ligne claire qui joue avec l’obscurité et se déploie sur des papiers bruts et autres cartons scannés, très légèrement grossis pour en accentuer le grain. Ombres chinoises sur fond sépia, évocation de paysages en quelques traits, l’artiste suggère plus qu’il ne montre. Usant d’un découpage faussement classique, l’auteur fait déborder les cases d’une page sur l’autre, accentuant, même s’il s’en défend, l’aspect Cinémascope de l’œuvre. On pourrait d’ailleurs rapprocher Étunwan du western crépusculaire, mais ce serait trop paresseux. Thierry Murat s’empare tout simplement d’un décor maintes fois visité, les vastes plaines, pour signer un sommet de mélancolie. Une réussite absolue.



Scénario et dessins : Thierry Murat. Éditions Futuropolis. 23€

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie BD