« Contre un arbre vois les nuages passer, le ciel s’ouvrir… » Cela fait bien longtemps que Dominique A n’a plus 20 ans, ou alors vingt ans de carrière, et puisque l’homme n’a jamais cessé d’écrire depuis ses tendres années, ce neuvième album est le fruit d’une longue pratique enfin maîtrisée, dont le caractère le plus évident est son exemplaire limpidité.
Que contient-il ? Treize morceaux d’une rare lucidité, mettant en lumière son récent bonheur et son envie de nous le faire partager. Après quelques balbutiements pas toujours habiles, ceux des premiers disques, quelques moments de doute, la période particulièrement dépressive des années 98-99, Dominique A semble avoir enfin atteint la sérénité. C’est d’ailleurs la première chose qui frappe à l’écoute de ce nouveau disque, cette grammaire particulièrement ensoleillée, comme si le cap de la célébrité était désormais franchi. Sans obstacle à l’horizon, la route qui se dresse ne sera pavée, sinon de bonnes intentions, de bonnes étoiles.
Légèrement en avance sur ses camarades de classe, on citera Miossec et Cali qui sont de la même génération et qui reconnaissent volontiers son influence, Dominique A a été un défricheur du texte. Capable de se mettre à nu, il a encouragé (involontairement) presque une génération entière d’aspirants auteurs-compositeurs. Avec ce nouvel album cela semble comme une évidence tant ses textes sont uniques, finement tournés mais jamais prétentieux, dotés d’une incroyable normalité qui les transforme en moments extraordinaires. Il n’y a jamais trace d’un labeur besogneux et malhabile, juste de l’évidente facilité et surtout félicité contagieuse. L’artiste se permet de chanter ses jours heureux, dans une sorte d’incantation du bonheur qu’il aurait embrassé et ne veut plus laisser échapper, par contre il n’hésite pas à partager. Bref, Dominique A est heureux et on en profite forcément un peu. Apaisé, sa réussite montre que rien ne vaut l’envie et le courage.