En plein cœur du comté de Kerry dans le sud-ouest de la verte Erin, le port de Dingle est un haut lieu du tourisme irlandais. Bastion de la culture gaélique, cette charmante petite cité balnéaire est aussi un merveilleux point de départ pour découvrir toutes les richesses de sa péninsule. 


Avec sa cinquantaine de pubs laqués, ses restaurants de poissons côtés, son marché local et son école de cuisine, la petite station balnéaire de Dingle dans le comté de Kerry est sans aucun doute l’une des plus attractives d’Irlande. Nichée entre l’océan Atlantique et la chaîne de montagnes de Sliabh Mish, qui culmine tout de même avec le mont Brandon à 951 mètres, cette cité riante et multicolore d’environ 2000 âmes s’est réfugiée au fond d’un charmant port naturel. Une baie bien abritée qui semble particulièrement plaire à Fungie, le plus célèbre résident de Dingle.  Depuis 1984, ce grand dauphin de près de quatre mètres et 350 kg fait la joie des organisateurs de balades en mer. La mascotte de la ville possède même son compte Twitter.  Dingle (An Daingean ou Daingean Uí Chúis en gaélique) s’impose aussi comme le bastion de la culture gaélique. Plus précisément du Gaeltacht la région de l’Irlande de l’Ouest où l’on parle toujours quotidiennement la langue des Celtes.  Le long de la grande rue, les pubs chaleureux se succèdent à quelques mètres d’intervalles, tels le Dick Mack’s, l’O’Flaherty’s ou le Foxy John’s. Ce dernier, qui fait également office de quincaillerie, est le seul débit de boissons où l’on peut écouter de la musique irlandaise le soir et acheter son matériel de plomberie dans la journée.

Triple distillation

Côté hébergement, en dehors des traditionnels B&B, l’hôtel Benners s’impose comme une halte chic dans cette petite ville qui regorge de boutiques à la mode.  Avec ses veilles gravures, ses boiseries et son ambiance cosy, le plus ancien hôtel de Dingle situé au beau milieu de la rue principale reflète l’histoire de la ville, de la péninsule environnante, et de l’anneau du Kerry. Imaginée par Oliver Hughes, la Dingle Distillery a démarré depuis novembre 2012 la production de Whiskey irlandais (avec triple distillation), mais aussi de gin et de vodka. Pour ce faire, elle s’est installée dans une ancienne scierie de la ville et a investi dans de magnifiques alambics en cuivres conçus par John McDougall. Bien que récente, la distillerie artisanale de Dingle compte bien rapidement laisser sa marque dans le petit monde des  « irish whiskey ». Alors que les whiskeys irlandais sont largement produits par les géants Irish Distillers et Pernod Ricard, cette nouvelle enseigne souhaite mettre en place une nouvelle offre, et espère ainsi marquer les esprits avec du whiskey de tout aussi bonne qualité. Pour l’heure, ses premières productions sont en phase de vieillissement. Il est donc impossible de les déguster avant 2018. L’établissement ouvre toutefois ses portes aux visiteurs, afin de leur faire découvrir les différents procédés de distillation et surtout leur permettre de précommander le futur nectar en cours de maturation…

Aventurier du pôle Sud

Après la distillerie cap à présent sur la basserie. Créée par un homme d’affaire du coin, Jerry O’Sullivan dans les locaux d’une ancienne crèmerie, la Dingle Brewing Company est une micro-brasserie qui fabrique sa bière à partir de la meilleure eau de source du Kerry. D’après la légende locale, elle aurait d’ailleurs le pouvoir de faire voir la vie du bon côté. La bière emblématique de la brasserie, la Tom Crean’s Irish lager, porte le nom d’un explorateur du pôle Sud héroïque originaire du village d’Annascaul. A l’âge de 15 ans, il s’enrôla dans la Royal Navy en affirmant qu’il en avait seize. Mais il est surtout connu pour avoir participé à trois des quatre grandes expéditions britanniques en antarctique entre 1901 et 1920. Officier en second sur celle conduite par Ernest Shackleton sur l’Endurance  de 1914 à 1916, il se retrouve encerclé par la banquise. Il vit alors avec l’équipage une série d’événements dramatiques, dérive plusieurs mois dans les glaces et entame un périple de 800 milles (soir près de 1500 km) de l’île de l’Éléphant jusqu’à la Géorgie du Sud. Au moment d’atteindre cette terre,  Crean entreprend avec Shackleton et le capitaine Worsley, la première traversée terrestre de l’île par de hautes montagnes, sans cartes ni équipement d’alpinisme approprié. Après l’expédition de l’Endurance, il recevra trois médailles polaires pour son courage et sa bravoure. Quelques années plus tard, il quitte la Navy et retourne dans le comté de Kerry, à Annascaul, sa ville natale, non loin de Dingle. Avec son épouse Ellen, il y ouvre une taverne appelée « L’auberge du pôle Sud » qui existe toujours sur le bord de la route. Il y mènera jusqu’à sa mort en 1938 une vie enfin paisible. En 2003, une statue de bronze en son honneur a été inaugurée non loin du pub. Consécration suprême, la bière Tom Crean est depuis peu proposée sur les vols de la compagnie aérienne nationale Aer lingus.

La Fille de Ryan

Le port de Dingle est aussi un merveilleux point de départ pour parcourir les petites routes de la péninsule et découvrir ses nombreux vestiges historiques et archéologiques. Parmi les principales richesses et curiosités architecturales, il faut citer l’oratoire de Gallarus qui fut découvert en 1756. C’est en vérité une église paléochrétienne datant du VIIème siècle, construite à l’aide de pierres taillées sans mortier et dont la forme est semblable à une coque de bateau renversée. Beaucoup plus ancien encore, le fort de Dunbeg, a été construit au bord de la falaise à l’âge du bronze (2500 av. J.-C. – 700 av. J.-C.). Composé d’une enceinte fortifiée de blocs de pierre cyclopéens, la place forte dont l’entrée est encore intacte permettait de surveiller l’océan, ainsi que les alentours de la péninsule. Elle protégeait ainsi les habitants contre les invasions celtes. Plus modestes, les Beehive Huts datent également de cette lointaine époque. Ces petites huttes de pierre sèches qui servaient d’habitations aux peuples anciens furent édifiées selon la même technique ancestrale pendant des milliers d’années, à travers toute l’Irlande et l’Écosse. On en dénombrerait plus de 400 sur le versant Sud du Mont Eagle (516 m)  de la péninsule de Dingle. Le réalisateur britannique David Lean ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Pour le tournage des scènes principales de son chef d’œuvre La Fille de Ryan, il emmena toute son équipe sur cette côte du bout du monde. Sorti en 1970, le film met en scène, Sarah Miles, Robert Mitchum et Christopher Jones, dans une sombre histoire d’adultère et d’amour interdit, sur fond de société traditionnelle et de lutte pour l’indépendance.

Auteurs des îles Blasket

Point d’étape indispensable sur la vaste «Wild Atlantic Way», la route côtière la plus longue au monde qui sillonne le littoral irlandais sur plus de 2500 kilomètres, Slea Head à Dunquin (Dun Chaoin) est le village le plus à l’ouest d’Europe. De cette magnifique falaise au bout de la péninsule, il est possible de voir les contours massifs et mystérieux des îles Blasket. Aujourd’hui, le Blasket Center raconte l’histoire de ces Irlandais courageux et opiniâtres qui poussés par la famine, s’implantèrent durant trois siècles sur ces îles inhospitalières. La population (environ 175 personnes) qui ne parlait que le gaélique vivait avec très peu de moyens, fabriquait ses vêtements et restait résolument à l’écart de l’Irlande. Quand la mer n’était pas trop mauvaise, les hommes partaient à la pêche sur de lourdes barques traditionnelles à fond plat (curragh) recouvertes de goudron afin d’assurer une meilleure étanchéité. Les algues sèches bouillies dans du lait guérissaient des fièvres tandis qu’un chef du village, une école et un esprit d’entraide soudaient entre eux les îliens solitaires.

Exil forcé

Au début du vingtième siècle, plusieurs ouvrages remarquables émergèrent de cette communauté. L’ancienne tradition orale du conte était au cœur de la culture celtique dont ils avaient hérité. Toutefois, conscients que leur mode de vie était sur le point de disparaître, certains insulaires, notamment Tomás Ó Criomhthain et l’écrivaine Peig Sayers, décidèrent de coucher leurs mémoires sur le papier. Ils écrivirent en gaélique, leur langue natale, mais leurs livres furent traduits en anglais, et certains même en allemand et en français. En 1953, les autorités décidèrent en raison des mauvaises conditions de vie, de l’émigration massive et du manque d’équipements modernes, de déménager les 22 derniers habitants permanents de la grande Blasket sur le continent. Un exil forcé qui devait déraciner à tout jamais les ultimes représentants de cette incroyable génération spontanée de pécheurs et de bergers écrivains. Mais cela, c’est encore une autre histoire…

David RAYNAL (texte et photos sauf mention contraire)

Se loger :
Une adresse de charme dans le centre-ville : www.dinglebenners.com

Se restaurer :
Dans la ville
www.globalvillagedingle.com
www.ashesbar.ie
A l’extérieur de la ville
www.gormans-clifftophouse.com

Prendre des cours de cuisine :
Préparez vous-même votre déjeuner en utilisant des produits frais locaux.
https://dinglecookeryschool.ie/

Dingle Dolphin Boat Tours
Unit 2, The Pier, The Tourist Office, Dingle, Co. Kerry, Irlande

Blasket Centre
Tel.: +353 (0) 66 9156444 Fax.: +353 (0) 66 9156446
Courril : [email protected]
Site : www.blasket.ie

Blasket Island Ferry
Dún Chaoin, Dingle, Kerry (traverse de 20 mn)
+353(0)669156422
+353(0)669156422
[email protected] 

A lire :
L’Homme des îles  |  Tomás O’Crohan ou Tomás Ó Criomhthain
Collection : Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs        
Poche  | 368 pages.  Prix : 10.65 €
Peig : autobiographie d’une grande conteuse irlandaise
Editeur : An Here

Pour bien préparer son voyage :
Tourisme Irlandais – Informations générales
Tél. 01 70 20 00 20 – www.irlande-tourisme.fr
Twitter @VacancesIrlande

Aer Lingus
Informations et réservations :
www.aerlingus.com – Tél. 0821 230 267 (0,12€/minute)
Vols directs toute l’année au départ de Paris, Lyon, Nice et Bordeaux et de plusieurs autres villes en saison.

 


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