Les narrations psychédéliques de Chicaloyoh aussi connues sous le nom d’Alice Dourlen nous invitent dans un monde aussi étrange qu’attachant. Pour qui veut bien abandonner sa zone de confort.
Ce disque est hypnotique, saisissant, troublant. Comme sa pochette le laisse supposer, les collages musicaux de « La boue ralentit le cercle » fissurent nos certitudes et nous ouvrent un autre monde. Celui de la nantaise Alice Dourlen et de ses images surréalistes comme autant de scénettes d’une pièce de théâtre contemporaine. Au premier abord, c’est complètement barré, minimaliste, incongru… Et puis la poésie d’Alice Dourlen finit par l’emporter. Qu’elles soient chantées en anglais ou en français, ses comptines folles et psychédéliques nous happent dans une dimension parallèle. Prenez « La plante folle et l’eau raison » chantée sous la douche sans autre orchestration que l’eau tombant de la paume qui accompagnent un chant parfois troublé, bullé, borboré… ! Ce qui pourrait être ridicule en devient presque génial ! Cette ode à la fantaisie est immédiatement suivie par un rythme martial, presque militaire (qu’on se rassure, la fanfare du régiment serait bien incapable de jouer ça !) qui s’interroge sur l’imaginaire et plus précisément l’absence d’imaginaire chez nombre d’entre nous. « La boue ralentit le cercle » n’est donc pas un disque comme les autres avec pour accompagnement musical de longues notes de guitares jouées comme un orgue et les bruits du quotidien Le mieux étant peut-être de laisser la parole au philosophe Gaston Bachelard (1884 – 1962) cité dans le feuillet intérieur de l’album : « Il y aura toujours plus de choses dans un coffre fermé que dans un coffre ouvert. La vérification fait mourir les images. Toujours imaginer sera plus grand que vivre ». Chicaloyoh a définitivement perdu les clés pour mieux nous ouvrir son âme.