Ecrivain, journaliste, animatrice radio et spécialiste de la littérature sur France Inter, Brigitte Kernel nous parle de son nouveau roman. Dans Dis-moi oui, elle s’interroge sur la possibilité de reconstruire un couple après une séparation adultérine. Le temps, l’amour et le pardon suffisent-ils à satisfaire une seconde chance en lutte contre la rupture définitive ?


Jérôme Enez-Vriad : Dans votre précédent roman vous analysiez comment se défait un couple, dans celui-ci vous expliquez comment le reconstruire. Est-ce un travail d’observation ou une expérience  personnelle ?
Brigitte Kernel : J’ai été témoin, il y a quelques années, des retrouvailles d’un couple d’amis. Ils étaient divorcés depuis dix ans et se sont remariés après s’être à nouveau faits la cour comme la première fois. C’était superbe de les voir ainsi prêts à tout pour se retrouver. Je me suis inspirée d’eux et d’une histoire personnelle. Dis-moi oui reste un roman mais cette double projection m’a aidée à comprendre mes personnages. 

« En amour, une seconde chance est-elle possible ? » Pourquoi ce sous-titre alors que nous connaissons la réponse ?
BK : Contrairement aux idées reçues, je ne pense pas que ce soit toujours envisageable. Rares sont les couples construits sur une exacte complémentarité, cela arrive au mieux une fois dans une vie. Par orgueil, certains ne veulent pas redonner une chance à leur partenaire et, en conséquence, se privent-eux mêmes des retrouvailles tant espérées. Ils se rendent malheureusement compte trop tard de leur erreur. L’orgueil (j’insiste) est un mauvais conseiller, trop souvent responsable de la résistance à se remettre ensemble.

L’adultère est-il invariablement amoral ?
BK : L’adultère n’est amoral que s’il y a irrespect. Aucun mensonge ne doit persister lorsque la relation « transitoire » s’achève au bénéfice du couple à nouveau réuni. En ce sens, seule la parole peut libérer ceux qui s’aiment. Il faut alors tout se dire pour se réinventer à deux sans reproche ni aucune aspérité. 

Mais  l’adultère ne permet-il pas de sauver des couples ?
BK : Dans certains cas, peut être. Mieux vaut malgré tout l’éviter si ce n’est qu’un banal désir. Le désir est un stimulus dangereux, il trompe avec aisance ceux qui se laissent attirer dans ses filets.

Peut-on malgré tout ne pas y être confronté après 20 ans de vie commune ?
BK : La réponse est dans le livre. (Sourire)

Qu’y a-t-il de rédhibitoire en amour qui ne puisse justifier aucune réconciliation ?
BK : Le mensonge, l’irrespect, l’impossibilité de livrer ses sentiments, de reconnaître ses erreurs, et l’incapacité de pardonner.

Le pardon est donc essentiel ?
BK : Oui.

L’action se situe entre Paris, Montréal et Las Vegas. Trois villes, trois pays, deux continents, pourquoi ce choix pluriculturel et en quoi influe-t-il sur l’histoire ?
BK : Je suis incapable de répondre à cette question.

Pouvez-vous essayer ?
BK : Et bien… Sans doute avais-je besoin d’isoler les deux héroïnes afin qu’elle ne subissent aucune pression extérieure pour reconstruire leur histoire. Cet éloignement évite les mauvaises influences et les regards extérieurs toxiques.

Connaissez-vous ces villes ?
BK : Oui, mais je ne suis pas fan de Las Vegas, même si l’endroit est intéressant pour y faire évoluer des personnages. Dans mes romans, les lieux ne sont pas de simples décors, je les ai « rencontrés», aimés ou détestés. Ainsi, suis-je une grande amoureuse de Montréal. Il me semble que « toucher le grain des choses » est fondamental pour aller au bout de l’histoire. En tout cas, pour moi.

La Bretagne pourrait-elle servir de décor à un prochain roman ?
BK : C’est étrange que vous me posiez la question car c’est un réel projet. Enfant, je passais mes vacances à Dinard. Mes parents louaient un appartement au rez-de-chaussée d’une maison de maître. Je garde le souvenir ému des meubles rustiques sur lesquels trônaient d’étranges animaux empaillés qui m’aidaient à inventer des histoires. Depuis, je rêve de prendre le temps nécessaire pour venir écrire à Dinard. C’est prévu et cela va se faire.

C’est un livre très romantique, l’êtes-vous ?
BK : Comme beaucoup de filles, non ? –  (rires)

On écrit toujours dans un état particulier ? Est-ce l’amour ou le désamour qui vous a conduit vers cette histoire ?
BK : L’amour, bien sûr.  

Un conseil à ceux qui souhaitent se retrouver après une rupture…
BK : Eviter les reproches et les crises d’égo. Ne voir que l’absolue finesse de ce que l’on vit.

Si vous aviez le dernier mot, Brigitte Kernel.
BK : L’amour est définitivement la plus belle chose. 

Propos recueillis par Jérôme Enez-Vriad  – Décembre 2014
Copyright JE-V & Bretagne Actuelle

Photo de Brigitte Kernel – Copyright David Ignaszewski / Koboy / Flammarion

Brigitte Kernel
Dis-moi oui
Flammarion
205 pages -18,50 €

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En direct tous les mardis à 23h15

 


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