Historique ou culturelle, tournée vers la mer ou l’Argoat, Brest inspire. Et en ce printemps 2013, quatre ouvrages lèvent - autrement - le voile sur une ville en perpétuel mouvement.


La beauté altière et douloureuse de Brest, ville abattue et reconstruite, inspire une fascination durable. Divers livres récemment publiés en témoignent. Aux éditions Le Télégramme, Brest, du journaliste Christian Campion et du photographe Franck Betermin se focalise sur le lien indéfectible entre l’agglomération et la mer. La divagation savante des auteurs par les divers quartiers de la porte océane met l’accent majeur sur les lumières venues de la rade et sur les nouvelles perspectives maritimes qu’ouvre le tramway, lui qui semble littéralement dégringoler dans l’eau depuis la rue Jean-Jaurès. Brest, front de mer de Philippe Kerarvran s’attache au même littoral par l’intermédiaire rare du dessin. De l’entrée dans le goulet jusqu’aux ponts de l’Elorn, ce ne sont pas moins de quarante-cinq lieux remarquables que croque à bonheur tremblé un artiste maître de son art qui sait rendre les moindres inflexions du paysage de bord de rade, maisons, ruelles, anses, grues mystérieuses sous le pavois chargé du ciel. Des textes de René Le Bihan et une rapide préface de Christophe Miossec accompagnent comme en rêvant cette superbe déambulation d’ouest en est. Dans un registre plus savant, on note l’édition des Actes du Congrès de Brest, un fort volume de 725 pages dans la collection Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. Plus de vingt-cinq communications d’historiens et d’érudits examinent la ville portuaire à la loupe. On remarque, entre plusieurs réussites, le long travail de Louis Chauris consacré au mélange des pierres dans la ville reconstruite, celui de Fanch Broudic se demandant si Brest est aussi une ville bretonnante ( la réponse du spécialiste est positive), celui encore d’Alain Le Moigne se penchant sur le souffle révolutionnaire brestois en 1935 provoqué par la désastreuse politique d’austérité initiée par le gouvernement Laval et montrant comment la ville émeutière a, par son exemple contagieux, participé de la victoire future du Front populaire au niveau national. Cette dimension rebelle de Brest est enthousiasmante. Elle ouvre à grands battants les portes de l’avenir.

Notons encore, et peut-être surtout, la publication de Le Vauban, un siècle d’histoire brestoise par Olivier Polard et Yan Le Gat sous une magnifique couverture d’Etienne Davodeau.  La saga de l’hôtel-restaurant-brasserie-dancing de l’avenue Clemenceau fameux pour avoir accueilli depuis tantôt cent ans les plus grands noms de la musique – que l’on songe entre mille au concert inouï des Pretty Things le 17 avril 2005 –  sur sa petite scène en sous-sol est parfaitement mise en perspective par deux historiens rigoureux et amoureux de leur sujet. Au-delà d’une belle peinture de  ce lieu mythique où flottent, selon la belle formule de Dominique A « pas mal de fantômes de bals perdus », le livre est récit poignant de la mise à mort de Brest en 1944 et de sa renaissance au lendemain de la Libération.

Bon à savoir

Brest par Christian Campion avec des photographies de Frank Betermin (éditions Le Télégramme), 24,90 euros.

Brest front de mer, dessins de Philippe Kerarvran, textes de René Le Bihan, préface de Christophe Miossec, Cloître imprimeurs, 45 euros.

Actes du Congrès de Brest. Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, éditions SHAB, Rennes, 40 euros.

Le Vauban, un siècle d’histoire, Olivier Polard et Yan Le Gat, Coop-Breizh, 29,90 euros.

 


0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Essai