Born to run par Bruce Springsteen HermineHermineHermineHermine

L’autobiographie du Boss est-elle la hauteur des attentes -énormes - de ses nombreux fans ? Y retrouve-t-on son talent de songwriter ? Oui, le style de Springsteen est direct et personnel. Il se raconte généreusement, avec souvent une honnêteté étonnante, évoquant son enfance, sa famille, sa dépression, son anxiété, ce qui nous fait mieux comprendre ces concerts-marathons et ses tournées permanentes, seuls moments, à une époque, durant lesquels il oubliait ses tourments.


Born to run par Bruce Springsteen

On retrouve son lyrisme et une spontanéité qui l’emmène parfois un peu loin. On comprend surtout les origines de son attachement à ce qu’il ne cesse de chanter, les combats quotidiens de chacun, les luttes des plus modestes, les sentiments bruts et l’Amérique des pères fondateurs. Il alterne ainsi dans son livre, comme dans ses chansons, entre une certaine mélancolie, une nostalgie parfois sombre, même une vraie noirceur et un élan irréductible, un optimisme caractéristique de son talent à créer une communion. On découvre aussi ses paradoxes, ses sentiments, comme jamais auparavant. Même les fans les plus pointus y apprendront une foule de détails. On partage avec lui une multitude des moments importants de Springsteen. Et ce n’est pas rien. Il est bien souvent d’une honnêteté étonnante, tiraillé par l’idée d’imposture, débutant son livre par l’aveu qu’il est « en toc » comme la ville, Asbury Park, d’où il vient, évoquant à plusieurs reprises son « tour de magie ».

Et effectivement, on voit à l’œuvre, dans certains chapitres, son art justement de raconter des histoires en éloignant probablement certaines parts de vérité. Springsteen sait parfaitement arrondir les angles, passer sous silence ce qui doit l’être à ses yeux. Comme s’il fallait absolument ne pas sortir du personnage qu’il a nécessairement, au moins en partie, créé. Ce personnage parfois « simplifié », raccord avec son public, comme avec les multiples compilations qui sortent régulièrement et nous éloignent un temps de notre héraut pour y revenir inéluctablement. Toujours.

Grégoire Laville

A lire l’interview d’un de ses biographes français, Hugues Barrière.



Born to Run, éditions Albin Michel. Traducteur : Nicolas Richard, 500 pages, 24€

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Edito

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