Le Sud du pays Bigouden est à la Bretagne ce que la Méditerranée est à la France : on s'y sent en vacances toute l'année tant il fait bon vivre entre vieux villages fleuris, petits ports typiques et partout cette belle voisine, cette mer limpide semée d'îles. Les traditions ne sont ici pas de l'Histoire et la gastronomie bretonne y est incontournable. Allons donc jouer à cache-cache dans ces ruelles colorées et tâchons de nous y perdre très longtemps.
Le Guilvinec
Son port mais aussi ses plages font de cette ravissante cité portuaire un lieu de séjour estival idéal. Sur les quais, le retour des chalutiers sous la clameur des mouettes virevoltant dans le couchant invitent à multiplier les clichés carte postale. Vous êtes ici dans le plus grand port Bigouden et premier port de pêche artisanale française. Historiquement, on y faisait commerce de sardines et maquereaux, mais les pêcheurs se spécialisent désormais dans des espèces plus nobles, telle la lotte.
Si son nom ne vous dit rien, le centre Haliotika vous offrira une belle surprise : consacré au monde de la pêche, ce musée propose une exposition permanente aussi ludique qu’esthétique. Vous pourrez, par son biais, assister à la criée mais aussi visiter la zone portuaire ou passer une journée en mer à bord d’un chalutier.
Côté culinaire, il y a de quoi faire ! Profitez de votre passage pour déguster les fameuses Demoiselles du Guilvinec. Auront-elles plus ou moins de caractère que celles de Loctudy ? On ne les accusera pas, en tout cas, d’être dures à cuire ! Plongez-les dans un peu d’eau bouillante et attendez deux minutes, le temps que l’écume recouvre les langoustines : elles seront PARFAITES ! Vous pourrez aussi repartir chargés de conserves fines de poisson et d’algues nature ou cuisinées (wakamé, salicorne, algues nori…), délicieuses et difficiles à trouver ailleurs – quoique vous pouvez toujours essayer d’en faire pousser…dans l’aquarium du poisson rouge ?
Pont-l’Abbé, à l’origine Pons-Abbatis, tient son nom du pont stratégique construit par les abbés de Loctudy et les seigneurs du Pont au XIe siècle.
Le port qui connaissait un trafic commercial important, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles, devint moins prospère après la Première guerre mondiale. Il ne reste du château féodal que le puissant donjon restauré. C’est aujourd’hui une paisible et charmante petite cité où l’on aura plaisir à flâner le long des quais. Rue du Château et dans l’unique vestige de ce dernier se trouve le Musée bigouden et sa jolie collection de mobilier, de maquettes de bateaux et de costumes traditionnels – la coiffe bigoudène, qui peut atteindre jusqu’à 33 centimètres de haut, constitue le symbole du pays. C’est d’ailleurs l’un des rares endroits en Bretagne où l’on peut croiser des vieilles dames portant toujours leur grande coiffe pour se rendre au marché ! Le corps de logis du château, reconstruit au XVIIIe, abrite aujourd’hui l’hôtel de ville.
Au pied du château se déploie un agréable dédale de ruelles commerçantes : c’est l’endroit idéal pour s’arrêter prendre un verre ou déjeuner. Non loin de là, dans le prolongement de la rue du Château et après avoir traversé le pont qui fit jadis la fortune de la ville, vous pourrez admirer l’émouvant et superbe Monument aux Bigoudens disparus en mer. Cinq femmes figées aux différents âges de la vie y attendent encore le un mari, un père, un fils… Depuis le quai Saint-Laurent, rejoignez la Place des Carmes pour y admirer l’église Notre-Dame-des-Carmes, son curieux clocher à dômes superposés et surtout sa somptueuse verrière.
Le chemin de halage permet de jouir sur 2 km des beautés de la rivière lors d’une agréable promenade. Vous pouvez même, si vous avez quelques heures devant vous, emprunter le circuit qui mène directement à Loctudy. C’est l’occasion d’admirer tous les îlots de la rivière, voire de les visiter puisqu’ils sont tous accessibles par digue : l’Île Garo, l’Île Queffen, l’Île aux Rats et la fameuse île Chevalier…
L’île Chevalier
Longue de près de 2 km, située entre la Rivière de Pont-l’Abbé et l’Anse du Pouldon, elle appartenait aux seigneur du Pont qui y avaient un manoir dont l’existence est attestée dès 1480. Elle est reliée au continent par une digue construite en 1855 par la comtesse de Najac, propriétaire alors de l’île. Champs, bois, prés-salés et une grève très prisée par les pêcheurs à marée basse… Mais qu’est-ce que cette île nous cache sous son calme bucolique ?
Seul l’initié saura trouver la vieille cave voûtée, dernier vestige du « château Gradlon », manoir médiéval qui fut longtemps le coeur de l’île. La route se termine en cul-de-sac sur les grilles d’une grande propriété privée. Cette maison de maître a été marquée par l’histoire. Construite en 1862 par Adrien de Najac, elle fut habitée quelques années plus tard par son neveu, Raoul, que les Pont-l’Abbistes éliront maire. L’ombre de Carabosse, la chamelle de ce maire fantasque, sur le dos de laquelle il aimait se promener, plane encore sur les lieux. Contournez cette vaste demeure par la côte ouest et suivez le sentier sous les pins pour découvrir l’autre magie de ces lieux : la pointe Pen Ar et son panorama sur le sud de l’estuaire. Ce n’est pas encore l’océan, mais ce n’est déjà plus la rivière… L’île-Tudy à gauche, Loctudy à droite et parmi les bateaux, le passage vers la grande mer. Pas de doute ici : vous êtes sur une île qui reste, malgré la digue qui la rend accessible, un lieu à part et baigné de mystères.
Loctudy
Jusqu’au XIXe s., son port servait essentiellement à l’exportation des pommes de terre. C’est après la seconde guerre mondiale qu’il devint l’un des quatre ports de pêche bigoudens. Il est aujourd’hui le cinquième port de France, spécialisé dans la fameuse langoustine, la « Demoiselle » à l’honneur de notre balade.
C’est une commune follement agréable, notamment grâce à ses plages de sable fin nichées entre de belles pointes rocheuses sur 10 km de littoral.
L’église Saint-Tudy est un pur joyau de l’art roman et l’un des mieux conservés de Bretagne, puisqu’il date tout de même du XIe siècle ! Son porche, plus récent (XVIIIe.) n’annonce en rien la merveille que son intérieur constitue : une majestueuse église romane dont la nef, superbe, dirige le regard sur un chœur auréolé d’un demi-cercle d’arcades. Ses chapiteaux à motifs floraux sont si artistiquement imbriqués qu’ils évoquent un ouvrage de broderie.
Découvrez également le beau manoir de Kérazan, construit entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Son intérieur est meublé avec raffinement et l’on peut y découvrir une collection unique de faïences de Quimper ainsi que de belles peintures d’inspiration bretonne.
Le port de pêche offre un spectacle particulièrement vivant avec sa flottille d’une centaine de chalutiers et canots.
Le retour de pêche et les ventes quotidiennes à la criée sont un spectacle réjouissant où le caractère breton et la bonne humeur gaillarde vous transportent dans un roman de Zola. Les langoustines vivantes sont pêchées chaque jour sur la zone de la Grande Vasière et maintenues dans l’eau salée avant d’être débarquées le soir. Il est possible d’assister à la vente du matin puis de visiter un chalutier hauturier ainsi qu’un des 18 magasins de marée : le prix modique de la visite est reversé à la SNSM et l’histoire de cette ville nous rappelle comme leur travail est important. Vous le comprendrez en allant prendre un verre dans le Café du Port et en vous recueillant un instant devant le mémorial aux marins péris en mer, incluant désormais Yves, Jacques, Eric, Patrick et Georges, l’équipage regretté du Bugaled Breizh. « Enfants de la mer » en breton…Enfants de Loctudy, aussi. Bientôt 13 ans mais dans cette petite ville, le chagrin et la colère se ressentent comme si c’était hier. Le mystère du naufrage n’a jamais encore été mis au clair, mais on sait du moins que la mer ne leur voulait pas de mal. Elle était paisible ce jour-là. La cause du naufrage semble toute trouvée pourtant : un sous-marin aurait happé le bateau dans les profondeurs en quelques secondes seulement. Oui mais que faisait-il là ? Et d’où venait-il ? Si le sujet vous intéresse, procurez-vous la passionnante bande-dessinée Bugaled Breizh, 37 secondes (écrite par Pascal Bresson et illustrée par Erwan Le Saëc) ou encore le récit révélateur de Jacques Losay, Bugaled Breizh, L’enquête torpillée, tous deux aux éditions Locus Solus.
Et puisque nous sommes entre amoureux de la mer, nous vous incitons enfin à prendre place dans l’un des nombreux bateaux de promenade pour parcourir l’Odet ou
la rivière de Pont-l’Abbé, ou partir explorer l’île-Tudy en face ! Un passeur continue à assurer toutes les 20 minutes la traversée entre le port de plaisance et la cale de l’Île-Tudy.
L’île-Tudy
Ne vous fiez pas à son nom : il s’agit désormais d’une presqu’île très effilée dont la grève se révèle un véritable paradis des pêcheurs à pied. C’est aussi une vasière attirant de nombreux oiseaux. Son village de pêcheurs constitué de maisons traditionnelles abrite aussi quelques bijoux des temps passés : la maison en granit du maître de barque, la maison de la Tour ou encore la sublime villa Kermaria, construite en 1895 par le couturier Paul Poiret. Ce Gatsby à la bretonne y organisait des fêtes splendides qui attiraient de nombreux artistes, dont le poète Max Jacob.
L’archipel des Glénan
Une mer menthe à l’eau et partout ce sable miel qui glisse entre les doigts…Un Paradis que mer veille et qu’il vous faudra, vous aussi, protéger. Cette réserve naturelle somptueuse est aussi riche sur terre que sous les eaux. Constatez-le en empruntant un bateau à fond transparent : sensationnel ! Huit îles principales (à commencer par l’île Saint-Nicolas) et une dizaine d’îlots composent cet archipel sauvage qui n’est plus habité qu’en saison. Les Glénan possèdent deux trésors naturels : le narcisse des Glénan et le maërl, un amalgame d’algues, de coquillages et de calcaire qui donne sa couleur si particulière aux plages des Glénan. Son école de voile et son centre nautique sont réputés dans le monde entier.
Concarneau
Des îles Glénan, vous pouvez rejoindre directement la belle cité de Concarneau, dernière étape de notre parcours des Demoiselles. Concarneau s’étend autour de sa fameuse ville-close, joyau enchâssé dans ses fortifications, et s’ouvre sur une baie somptueuse où se pressent les plus charmants ports de plaisance et où, non loin, rutilent les Glénan. La ville bleue porte résolument bien son nom : si la ville attire d’abord par ses plages de sable fin et par les beaux voiles blancs de ses bateaux de plaisance, l’animation de son port de pêche est assurée par 200 bateaux et des milliers de marins qui font vivre ses quais et sa criée et assurent surtout à la cité son rang de premier port thonier européen. Son passé de place forte côtière brille encore à travers ses épais remparts du 14e siècle, complétés par Vauban au 17e siècle. Mais on l’aime plus fort encore au présent, dynamique, colorée et fière de ce patrimoine qui l’a classée parmi les « Villes d’Art et d’Histoire ». Sa ville close, rattachée à la terre ferme par un joli pont de pierre, est une île dans la ville qu’on a plaisir à découvrir. Son célèbre beffroi surmonté de sa girouette en forme de navire est de loin son édifice le plus remarqué, mais les surprises ne font que commencer ! La rue Vauban lui ravira la vedette en révélant ses somptueuses maisons de granit ornées de belles enseignes et en vous menant tout droit à la place Saint-Guénolé et son insolite fontaine. Son musée de la Pêche vous assure aussi un moment d’exception avec ses aquariums, ses maquettes incroyables et ses chalutiers à flot, dont l’Hémérica, découvert en 1957. On peut le visiter intégralement, de la salle des machines en passant par les cuisines et le carré d’équipage. Enfin, la corniche offre une promenade bien agréable jusqu’à la plage des Sables Blancs.
Dans la ville moderne, ne manquez pas une visite du Marinarium : fondé en 1859 à l’initiative du Docteur Coste, il abrite le plus ancien laboratoire de biologie marine au monde ! Quai d’Aiguillon, vous aurez peut-être la chance d’assister au déchargement des poissons sous le regard expert des mareyeurs… De belles rencontres et prises de vue en perspective, mais avis aux marmottes : après 23h seulement !
Grand moment de l’été : la Fête traditionnelle des Filets bleus, trois jours de festival aux alentours de la mi-août ! Défilés costumés, chants marins, ateliers en tous genres (battage à l’ancienne, initiation à la lutte bretonne…) et toujours plus d’artistes (scène musicale actuelle, peintres, etc.) à répondre présent chaque année !
Autour de Concarneau, le château de conte de fées de Keriolet, Fouesnant, son littoral éblouissant et son fameux cidre, mais aussi Tréguenc pour son fameux menhir ! « Ar Maen Dogan » ou la pierre du cocu. Celui qui arrive à faire bouger la pierre en s’y adossant peut repartir serein. Quant aux autres…
Tiphaine KERVAON
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