La Grande Bretagne a ses Cornouailles, la Bretagne sa Cornouaille. Au singulier et on ne s'en chagrinera guère : c'est qu'elle est singulière ! Terre de légendes et de mystères, elle a pour capitale Quimper et pour frontières l'imaginaire. Ce pays enchanteur éclabousse de ses charmes ses visiteurs et déboussole pour le meilleur les plus rompus des globe-trotteurs : le temps s'y s'écoule si doucement mais passe toujours trop vite tant nos sens y sont ivres, tant on s'y sent vivre !
Suivez-nous, on part en vacances le temps d'un parcours en cinq sens (directions et sensations !) : la Cornouaille, un roc, un cap, une péninsule ? Un pays, au moins !

De Locronan au Cap Sizun, le long de la baie de Douarnenez


Flânerie à Locronan : 

D’un charme irrésistible, le point de départ de notre tour de Cornouaille devrait vous inciter, comme de nombreux artistes, peintres et cinéastes (souvenez-vous du Long Dimanche de fiançailles, de Tess par Polanski, des Chouans ! de Philippe de Broca…Eh bien oui, vous y étiez déjà, à Locronan !), à ne plus quitter ce prestigieux site breton. Faites-nous confiance cependant, la suite du voyage n’offrira rien de moins éblouissant ! 

Située en haut des montagnes noires entre deux massifs forestiers, Locronan s’est établie sur un ancien haut-lieu du culte druidique, mais son nom cache bien ces origines païennes antiques puisque c’est à Saint-Ronan, ermite fondateur de la cité au Xème siècle, qu’il fait référence. Classsée au titre des Monuments Historiques depuis 1924, la petite cité a traversé le temps sans qu’il lui fasse offense et a conservé intactes de très belles demeures Renaissance et sa superbe église du XVème siècle. Pour les découvrir, laissez votre voiture à l’entrée de la ville et partez à pieds visiter ce petit joyau de granit.  Sa superbe place médiévale rassemble autour de son puits l’église Saint-Ronan et quatorze maisons de notables du XVIIe, composant un ensemble architectural unique dans toute la Bretagne. 

De nombreux artisans d’art ont choisi Locronan pour asile et pérennisent une réputation méritée. Son Musée d’Art et d’Histoire le prouve en retraçant son passé glorieux dans la manufacture de toile à voile. On y découvre aussi nombreuses peintures, gravures et faïences révélant le talent des artistes qui lui rendent hommage.  

Resto à Douarnenez avant de goûter à l’île Tristan ! 

Attention, vous entrez dans une des capitales de la culture bretonne, n’allez pas commettre d’impair en sortant votre imper à la moindre bruine ou en réclamant, blasphème, du beurre doux pour vos tartines ! Ici le beurre, c’est comme la mer : salé et essentiel ! On s’étonne presque de ne pas en retrouver dans les fameuses « sardines en boîte » de Douarnenez ! 

Dans l’échancrure de ses ports et plages de sable blanc et face à sa belle île Tristan, la petite ville cache derrière ses couleurs joyeuses et son ambiance festive une histoire tourmentée, un tempérament d’éternelle révoltée. Fidèle à sa devise, « Dalc’h Mad » (tiens bon !), elle fut théâtre de la révolte des Rouges au XVII, des sans-culottes au XVIII, pionnière au XXe avec le premier maire communiste, ses résistants partis rejoindre De Gaulle et ses ouvrières grévistes au XXe. Mais la bruine a lavé les heurts du passé et l’âme combative de Douarnenez ne s’affiche jamais que s’il y a injustice à défendre. Du reste, la révolte s’y exprime plus volontiers dans la dérision et la gaieté : récemment encore, pour protester contre l’acharnement anti-burkini, on se baignait tout habillé sur la plage des Dames ! 

Ville d’exception aussi sur le plan culinaire, elle pourrait se targuer de ses savoir-faire, mais elle a le bon goût de laisser le goût parler. C’est ainsi que ses fameuses sardines régalent désormais le monde entier… Pour en savoir plus sur la longue histoire d’amour entre Douarnenez et ses poissons bleus, empruntez la rue des Plomarc’h, où vous trouverez aussi la boulangerie coupable des meilleurs Kouign-Amann de la région (ne vous inquiétez pas, la randonnée qu’on vous prépare au Cap Sizun vous permettra de brûler le beurre plus vite que la billig de mémé !), jusqu’au site du même nom : vous pourrez y admirer les vestiges de la fabrique gallo-romaine de garum, saumure de poisson macéré qu’on utilisait à l’époque pour conserver les sardines. Ensuite, retour en ville pour y suivre le chemin des sardines : ce circuit assorti de panneaux relatant l’histoire des conserveries débute au belvédère des Plomarc’h. Il vous mènera du Rosmeur et ses venelles jusqu’au front de mer, face à l’île Tristan. Les passionnés de bateaux traditionnels ne manqueront pas un passage par le musée du Port-Rhu, installé dans une ancienne conserverie de sardines. S’y exposent mille curiosités marines et une collection unique de bateaux de plaisance et de pêche, dont cinq sont ouverts à la visite dans la ria du Port-rhu, à proximité de l’île Tristan. 

Entrez dans la légende… si la marée le permet ! 

Douarnenez, c’est aussi la légende de cette ville d’Ys, florissante mais engloutie par les flots au large de l’actuelle cité. La ravissante île Tristan serait la seule partie émergée de cette cité légendaire. Accessible à pieds quand la marée le permet, cet exquis joyau de bruyère et de fougères balayées par les vents offre une vue inégalable sur la baie de Douarnenez. Propriété du poète Jean Richepin depuis 1911, elle est désormais sous la protection du conservatoire du littoral, qui veille à sa préservation. Selon la légende toujours, elle abriterait la tombe des célèbres amoureux, Tristan et Iseut, sous deux arbres tendrement enlacés…

Randonnée au Cap Sizun : 

On vous avait promis un grand voyage…et vous voilà déjà au bout du monde ! Un spectacle à couper le souffle s’offre ici à tout instant. Changeant au gré des vents et marées, des heures de la journée, le Cap offre à chacun un visage unique mais toujours fascinant de criques lovées au creux d’exubérantes pointes rocheuses, de falaises sculptées par les doigts écumants d’un mer bleu argent. 

Bordé au nord par la Baie de Douarnenez et au sud par celle d’Audierne, il regorge de curiosités naturelles telles la Pointe du Raz et la Pointe du Van, sans omettre entre elles la grandiose baie des Trépassés. Pour profiter au mieux de ces paysages, préférez un départ matinal ou tardif : vous éviterez la randonnée en file indienne avec les autres promeneurs et apprécierez plus encore ces falaises démentes, caressées par une lumière dormante. Démarrez votre parcours de la pointe du Van, moins connue mais aussi belle que sa grande soeur : vous éviterez le parking hors de prix ! Direction la superbe chapelle de Saint-They, éternellement recueillie face à l’océan, avant de suivre le sentier de pierre qui longe l’abîme entre Pointe du Van et Baie des Trépassés. Faites un crochet par le petit port de Vorlen et sa cale pentue : quelle vue ici encore ! Le sentier côtier vous mènera ensuite tout droit vers la pointe du Raz, veillée quant à elle par Notre-Dame-des-Naufragés. Frôlant de vertigineuses falaises (jusqu’à 70 m !), les sentiers du Cap SIzun sont inoubliables, hypnotiques à tout moment de l’année. 

Si l’on parvient à détacher son regard des falaises mangées par la houle déferlante, c’est pour admirer ces improbables et imperturbables silhouettes, stoïques grands frères veillant les hommes de mer et la belle île de Sein en son lit d’écume. Posée au ras de l’eau, l’île subit fréquemment les colères de la mer et la vie se concentre donc autour du port où s’entremêlent si étroitement les ruelles que vents et embruns renoncent à s’y glisser. L’île, dont les rivages ont connu tant de naufrages, est plus connue encore pour le courage de ses hommes : en juin 1940, sur les 400 hommes qui rejoignent le général de Gaulle après son appel, 130 viennent de Sein, soit l’intégralité des hommes valides de l’île. 

Amis aventuriers, départ à 10h du quai de Rosmeur (Douarnenez) pour explorer l’île aux sirènes ! 


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