Capitale de la Cornouaille et du pays Glazik, Quimper est le cœur battant de cette Bretagne, point de départ idéal d'une exploration en Sud Finistère. Prêts à vous jeter à l'eau ? Ça tombe bien ! Cette seconde prome-nade en Cornouaille suivra littéralement les flots ! Arrivée à Bénodet prévue dans une poignée de para-graphes à transformer au plus vite en un weekend de visites et de détente inoubliable !
Quimper / Kemper
Quimper, Kemper en breton, doit justement son nom au confluent qu’elle abrite. C’est en effet à Quimper que le Steïr et le Jet rejoignent l’Odet pour finir le voyage jusqu’à la mer. Si l’on en croit la légende, c’est le roi Gradlon lui-même qui fonda cette belle cité après l’engloutissement de la ville d’Ys. La jolie Quimper a su préserver son ambiance d’antan et l’on se perd avec ravissement dans ses ruelles enchevêtrées au pied du Mont Frugy, colosse de granit coiffé de forêts denses. Façades colorées des maisons à pans de bois se mêlent aux colombages des hôtels particuliers dans une vieille ville qui porte son âge avec panache. Allongée au bord de l’eau, la ville séduit aussi par sa kyrielle de passerelles romantiques, bracelets vermeil sublimant sous le soleil leur rivière de diamants.
C’est ici, autour de la magistrale cathédrale Saint-Corentin, que commence notre parcours. On admirera cette splendide éminence de style gothique, ses vitraux du XVe s, sa splendide nef longue de près de 100 m et la statue du roi Gradlon que Napoléon III fit élever entre ses flèches.
De part et d’autre de la cathédrale, deux musées incontournables :
– Le musée des Beaux Arts pour sa collection dédiée à l’école de Pont-Aven et celle hommage au poète quimpérois Max Jacob. Figure majeure du lyrisme moderne, il chanta la beauté jusque dans l’horreur de la guerre, déporté puis mort à Drancy malgré les efforts de ses amis Picasso et Cocteau pour l’en libérer.
– Le musée départemental breton, ensuite, pour un passionnant voyage dans le temps. Installé dans l’ancien palais épiscopal, il vous invite à découvrir des trésors archéologiques antiques, des pièces d’art du Moyen-âge, une impressionnante collection de costumes des pays Bigouden et Glazic et vous plonge enfin dans l’antan des campagnes bretonnes à travers une multitude d’objets du quotidien tombés en désuétude.
Nourriture intellectuelle ne comble guère lichoux et gouelles ! Laissez votre nez vous guider vers la ravissante place au Beurre (car elle sent vraiment le beurre !) et offrez-vous une heure de béatitude devant les complètes et beurre-sucre de la crêperie An Diskuiz ! Crêpes dans les assiettes et faïence bretonne dans le décor, vous voilà parfaitement échauffés pour l’ultime étape de la visite. Suivez simplement l’Odet depuis la cathédrale pour rejoindre le quartier de Locmaria, berceau historique gallo-romain de la ville. Vous pourrez y découvrir les secrets les mieux gardés de la ville : la fabrication des faïences traditionnelles de Quimper dans les ateliers HB Henriot et, en face, l’enroulage des authentiques crêpes dentelles dans la biscuiterie de Quimper-Styvell !.
Exif_JPEG_422
Le long de l’Odet
Rejoignez le port du Corniguel, à 3 km du centre-ville de Quimper et choisissez votre taxi marin ! Plutôt preste vedette ou voilier traditionnel ? Aller simple ou aller-retour avec escale ?
Il vous est même possible de parcourir ces 16 km d’Histoire d’eau en kayak familial ! Pour ce faire, rendez-vous dans la splendide baie de Kérogan, à la base nautique de Creach Gwen : le club de Kayak de Quimper vous y équipera en quelques instants !
Dans tous les cas, portés par la marée, vous aurez tout le loisir d’apprécier les spectacles typiques de la ria; cette nature luxuriante dont l’ombre enveloppe les voiliers comme pour les protéger, dont le reflet se confond au vert émeraude de l’eau, cette faune préservée animant les rives escarpées de l’Odet et partout ces criques sauvages, ces paysages de Robinson Crusoé… En fait de naufragés, c’est la bourgeoisie du XIXe qui trouva en ces lieux un abri privilégié et y sema, au fil du temps et de l’eau, une multitude de manoirs et châteaux qu’on ne se lasse pas d’admirer.
Bénodet / Benoded
A l’abri du ravissant estuaire de l’Odet, la cité balnéaire de Bénodet séduit aujourd’hui autant comme hier les estivants et les artistes en mal d’air pur. Il serait injuste de réduire cet indolent ailleurs à un attrape-touristes sans âme. C’est au contraire un écrin de pureté comme il n’en reste guère, un refuge où l’insouciance est loi, où l’on oublie un temps mais vraiment le quotidien laissé chez soi. Edmond Rostand, Emile Zola et même Sarah Bernhard en firent un repaire privilégié, au même titre que le grand Apollinaire. Et ces quelques vers valent mieux que nos mots pour dire ce que Bénodet a de si cher.
« Je vous aime ce soir où monte la marée
Bateaux de Bénodet à la voile azurée
Pêcheurs de Loctudy dont les filets d’azur
Se confondent avec la mer et le ciel pur (…)
Cependant que l’Odet bleu comme une prière
Pâlit et que là-bas chaque phare s’éclaire
Loin de la guerre atroce et des coups de canon (…)
L’Odet plus douce encore que ne sonne son nom »
La vie à Bénodet évoque les vieux films en noir et blanc, les caméras ronflantes et bobines grésillantes ; il y souffle à tout jamais un parfum de belle époque, de premiers congés payés et le bonheur si fragile ailleurs semble ici facile d’accès. Cet art de vivre l’instant est d’ailleurs évoqué avec tendresse dans le musée du Bord de mer : l’histoire des régates mais aussi des loisirs du littoral à travers une panoplie de maquettes navigantes, jouets de plage, photos, films et objets insolites…Un délicieux moment à passer en famille avant de rejoindre le vieux port. Laissez-vous tenter par une glace artisanale avant de filer dans le P’tit Bac pour une escale à Sainte-Marine !
Sainte-Marine / Sant Voran
Entre criques rocheuses et forêts de pins, le village de Sainte-Marine, ses ruelles fleuries et son charmant petit port vous sembleront sortis d’un conte de fée. Bien moins touristique, cette destination n’offre pas moins de terrasses de bord de mer, d’eaux limpides et de sable blanc. Une petite chapelle et un abri de marin à la jolie façade rose parachèvent l’allure carte postale de ce joli village. N’hésitez pas, d’ailleurs, à passer la porte de l’abri du marin. C’est désormais un lieu de mémoire proposant au public un espace d’exposition consacré à Jacques de Thézac et à l’Œuvre des Abris du Marin. On doit à ce dernier la création des douze abris implantés dans les ports du Finistère, et c’est à Sainte-Marine que tout a commencé…
RDV à la maison rose !
« On y vient à pieds, on y frappe pas, ceux qui vivent là ont perdu la clef… »
Jacques de Thézac s’installe à Sainte-Marine en 1888. D’abord passionné de voile, il prend peu à peu conscience de la misère des marins-pêcheurs et décide de participer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi, en 1900 il créé L’Œuvre des Abris du Marin et le premier refuge pour marins de passage. Les marins s’y retrouvent, peuvent s’y reposer, manger, jouer, lire ou même assister à des séances de cinéma..Jacques de Thézac mènera en parallèle une grande croisade contre l’alcoolisme, véritable fléau dans les ports. Ainsi, l’alcool est interdit dans les Abris. Les marins peuvent consommer de la « Véritable Eau de Vie » : de l’eau, seule boisson vitale ! L’Abri devient aussi un lieu de vie pour toute la population en proposant un espace bibliothèque, en accueillant réunions, spectacles et repas des anciens…
Profitez enfin de votre escale pour emprunter le sentier côtier qui, du phare de Sainte Marine vous mènera jusqu’à la pointe de Combrit et sur le sentier des douaniers longeant l’interminable plage de Kermor : le point de vue y est…Ah, on ne vous en dit pas plus ! Allez voir !
Tiphaine Kervaon
A lire aussi
– Balade en Cornouaille : du Guilvinec à Concarneau
– Balade en Cornouaille : de Quimper aux frontières de l’imaginaire
– Balade au Pays du Léon : Morlaix
– Balade au Pays du Léon : Ile de Batz et château de Taureau
– Balade au Pays du Léon : Roscoff
