L’info circulait déjà sous le caban des aficionados du « made in France ». La marque quimpéroise Armor Lux allait s’installer à Soho, au 232 Mulberry Street, entre Prince and Spring street, à New York. Si l’on pouvait déjà s’offrir une marinière chez Barneys, manquait une boutique en nom propre. C’est chose faite depuis janvier 2012. Marco Petrucci, Responsable Export connaît bien le quartier. « Nous avions déjà un show-room et un local s’est libéré juste à côté, une opportunité formidable. On trouve tous les modèles pour l’export et une collection capsule appelée « Héritage ». Ce sont les modèles historiques : le kabig, la marinière, le caban, le pull marin. Mais que l’on a « fité » c’est à dire ajusté pour une ligne plus près du corps que dans les coupes classiques. La clientèle new-yorkaise est évidement urbaine, plutôt jeune et s’intéresse aux tendances. »
Pour appuyer le côté patrimoine si cher aux américains, Armor Lux a ressorti l’ancien logo de la maison, disparu dans les années 1980. L’esprit est vintage et intemporel, doublé de ce supplément d’âme bretonne et maritime. Chaque étiquette qui accompagne le vêtement donne des indications sur l’origine. On apprend ainsi que le caban faisait partie de la tenue réglementaire des marins depuis le Second Empire. Qu’il était réalisé par les matelots eux-mêmes qui savaient le rendre imperméable au moyen d’un apprêt constitué de goudron, de suif et de térébenthine. Ou encore que le chandail était le pull porté par les « marchands d’ail ». « Le vêtement raconte l’histoire de la Bretagne, de sa langue, de ses coutumes. C’est aussi ce qui lui donne de la valeur, et ce qui suscite l’intérêt. » Devant la profusion de propositions en matière de prêt-à-porter, Armor Lux cultive donc l’authentique, synonyme de qualité. « On remarque de plus en plus de jeunes, pas très argentés, qui préfèrent économiser pour s’offrir une belle pièce parce qu’elle est belle et va durer des années. Ce sont des personnes qui attachent de l’importance aux matières, aux coloris, à la qualité d’une doublure, aux finitions. »
D’après Charles Arnett, le gérant de la boutique qui n’avait pas hésité à faire le voyage jusqu’à Quimper, tout va bien. La pièce la plus demandée est la fameuse marinière à cent dollars. Les premiers frimas venants il se pourrait que la clientèle songe à quelque chose de plus chaud. Le look loup de mer breton et chic devrait logiquement faire son apparition dans les rues ventées de New York City. Que les Européens se rassurent, Armor Lux ouvrira une boutique en Allemagne, sur la très prisée et touristique île de Sylt en Mer du Nord, au printemps 2013.
SirDjos bouscule la marinière
Alors les américains découvrent la marinière « Héritage », SirDjos de ce côté-ci de l’Atlantique fait perdre le nord aux rayures traditionnelles. Repéré à l’occasion de l’un de ses défilés en 2011, le jeune -25 ans- styliste quimpérois autodidacte vient de sortir pour Armor-Lux 15 nouvelles marinières, soit 5 modèles différents en plusieurs coloris. A la question « est-il plus difficile de créer à partir d’une pièce déjà existante » Josselin Chrétien est très clair. « Pas du tout, parce que j’ai déjà effectivement une base. Il faut revisiter le classique sans perdre de vue l’esprit de la pièce. A partir de là, tout est permis. Et la matière interlock super douce est très agréable à travailler. »
Les encolures sont parfois carrées et les manches toujours plus longues que dans les modèles traditionnels. Les rayures prennent d’autres chemins que l’horizontale et certaines donnent l’illusion optique de la taille de guêpe. L’association des couleurs rouge/carbone ou océan/craft est juste. La marque de fabrique du créateur se glisse dans ce galon d’un presque fluo vert chartreux, sur les bords intérieurs du col et des poignets. La marque Armor Lux se blottit au creux de la manche et la griffe Sirdjos est brodée dans le dos. Josselin a aussi travaillé sur une nouvelle interprétation du pantalon à pont : denim stretch, double rangée de boutons, et quelques rayures là où on ne les attend pas.
Les marinières sont à 50 euros. A découvrir dans la quarantaine de magasins en France sur www.armorlux.com/fr/magasins
