Amour, le nouveau film du réalisateur autrichien Michael Haneke, la Palme d’or du dernier festival de Cannes, n’est pas un film aimable. Ni au sens propre, ni au sens figuré.
« T’as aimé Amour ? » « Euh… disons que ça ne se pose pas en ces termes là. C’est difficile d’aimer Amour ». Amour, le nouveau film du réalisateur autrichien Michael Haneke, la Palme d’or du dernier festival de Cannes, n’est pas un film aimable. Ni au sens propre, ni au sens figuré.
C’est l’histoire d’Anne, un ancienne professeur de piano, mari é à Georges depuis la nuit des temps qui, suite à un accident vasculaire, perd peu à peu ses sens, son autonomie, sa vivacité intellectuelle pour ne plus devenir qu’un légume, une déchéance charnelle et spirituelle, un poids qui, malgré elle, va pourrir la vie et la vieillesse de son bienaimé. Au-delà du supportable. Et c’est cette longue descente vers la mort qu’Haneke filme au plus près, crument, quasiment comme un documentaire.
Si vous ne l’êtes pas vous-même, la salle autour de vous est généralement en pleurs, en assistant à cette fin de vie à la fois singulière et pourtant si banale de cette femme qui fut brillante et raffinée. Car rien ou presque ne nous est épargnée. Conçu comme un quasi huis clos, le film quitte rarement le lit où Anne s’étiole, la suivant pas à pas vers une fin qui tarde, malgré tout, à venir. Et ce n’est pas sa fille, qui vit à l’étranger et a les problèmes d’une femme de 40/50 ans, qui, à coup de « faut qu’on » ou de « y’a qu’à », va alléger le fardeau d’un père bien éprouvé.
Comme souvent et une fois la thématique du sujet expliquée, le film d’Haneke vaut surtout pour ses acteurs. Jean-Louis Trintignant est au delà de l’excellence, toujours juste et inquiet pour celle qui fut la compagne de sa vie, quand bien même elle délirerait, deviendrait agressive ou simplement inhumaine. Isabelle Huppert, qui joue la fille, trouve le ton et l’arrogance juste, la distance qui sans l’empêcher d’être concernée la préserve de trop d’implications. J’aime moins le jeu, un peu précieux d’Emmanuelle Riva, même s’il faut reconnaître que sa performance de grande malade est extraordinaire. Mention spéciale à Alexandre Tharaud, pianiste de renom qui s’essaie à la comédie avec une aisance certaine.
Inutile de vous raconter la fin, elle est évidente même si la forme n’est pas écrite à l’avance.
Reste à savoir si Amour est un grand film. Impossible à dire. C’est incontestablement un choc, plus fort que les autres Haneke, plus fort que Funny Games ou Le ruban blanc, presqu’une démonstration naturaliste de ce que le cinéma peut apporter. A vous de voir…
De Michael Haneke, avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Alexandre Tharaud…