On a coutume d’imaginer que chaque nouvelle année pourrait être décisive sur la plan personnel, pour telle ou telle bonne raison, et puis quand arrive la fin de ladite année, on remarque que, finalement, pas grand chose n’a changé. Ou si peu.
Pour ce qui est de 2014, il serait vain de tenter une quelconque prophétie sur ce que cette année pourrait avoir de décisif pour vous, moi, telle ou telle personne ; il est vrai que Bretagne Actuelle ne verse ni dans la numérologie et encore moins dans l’astrologie. Il paraît cependant évident que d’un point de vue collectif cette année risque bien d’être effectivement décisive. Pourquoi plus que les autres ?
Du point de vue de la marche du monde, nous ne confondrons pas non plus BA avec un grand media politique ou économique ; le monde ira donc tel qu’il a l’habitude d’aller probablement, cahin-caha, mal ici, très mal parfois, mais mieux là.
Ce qui est certain par contre c’est que la situation en France devrait évoluer de manière marquante cette année. D’un point de vue économique tout d’abord, le pari de retrouver un tant soit peu la croissance, s’il est perdu, risque bien de tendre énormément les rapports sociaux, autant que les cordons de la bourse et du porte-monnaie. Les conséquences dans la vie de tous les jours mais également dans certains domaines structurels, et particulièrement dans la culture dite subventionnée, pourraient être considérables. Nous serons fixés dans quelques mois.
C’est également le bien-vivre ensemble qui risque d’être impacté encore plus lourdement, et une certaine violence, qui s’exprime déjà, pourrait se libérer de manière plus incontrôlée. La lamentable affaire Dieudonné et ses quenelles nauséabondes sont là pour prouver que cette société est totalement en perte de repères.
Mais tout cela ne vient-il pas d’une méconnaissance fondamentale, par les uns et les autres, des différentes composantes de la société française ? A-t-on assez lu finalement l’Histoire de tel ou tel peuple arrivé ici, que ce soit il quinze siècles ou il y a dix ans ? A-t-on assez écouté les langues qui nous paraissaient étrangères ? A-t-on essayé suffisamment de comprendre ce qui nous différencie, mais aussi ce qui pourrait nous rapprocher au sein de cette Europe multiculturelle qui se dessine, tant bien que mal, mais mieux ailleurs que dans l’Hexagone souvent ?
Sans doute pas, et ce n’est pas l’enseignement monolithique, simplificateur et de tendance monolingue de la République qui pourra réparer le retard pris. Les gens ont besoin d’aller plus en profondeur, de lire plus, de parler plusieurs langues pour apprendre à mieux se connaître. Pour faire baisser la tension. Pour aller mieux.
Comment les y inciter ? Notre seule prétention à Bretagne Actuelle est au moins d’ouvrir des pistes, de donner la parole à tous ceux qui se donnent la peine, d’où qu’ils viennent, de rester curieux, ouverts, et créatifs au final. Notre envie est de dire que cette Bretagne que nous aimons est une Bretagne qui assume et profite du multiculturalisme, ce brassage qui se fait ici depuis des siècles pour certains ou des années pour d’autres.
Nous allons poursuivre dans cette voix tout au long de 2014, parce qu’il y a urgence à se parler. Tous.